Le débat démocratique
La grande majorité des étudiants qui manifestent ces jours-ci le font pacifiquement. Ils expriment démocratiquement leur opinion au sujet de la hausse des frais de scolarité. Des lettres ouvertes, des sites web, des assemblées servent à diffuser leurs arguments.
Un porte-parole bien connu du mouvement étudiant aime décrire les actions étudiantes comme des manifestations « familiales et festives ». Mais tous ne suivent pas ce mot d'ordre. Il y a une minorité beaucoup moins respectueuse des citoyens et de la démocratie qui en profite pour mener des actions provocatrices, menaçantes, voire violentes.
Lorsque des individus cagoulés se présentent à la porte de l'IEDM, tentant de forcer la porte pour entrer dans nos bureaux, on sort du débat démocratique et on entre dans l'intimidation. Le message qui est lancé n'est pas une attaque contre les idées défendues par l'IEDM, c'est une menace contre les groupes et les individus qui ne partagent pas leur avis. C'est une façon de dire : «si tu continues à parler contre nous, on sait où tu travailles». Rien de familial ni de festif!
C'est justement la diversité des points de vue qui garantit la vie démocratique d'une société. La liberté d'exprimer des idées est fondamentale. En s'y attaquant, en tentant de bâillonner les opinions contraires, ces manifestants dérapent sérieusement et décrédibilisent leur propre cause. Il serait souhaitable que les responsables étudiants dénoncent ces gestes. Les chefs de file peuvent être convaincus de la justesse de leur cause, c'est leur conviction dans les principes de la démocratie qu'ils doivent aussi démontrer.
La démocratie s'incarne aussi dans les élections. Et malheureusement pour les étudiants, le gouvernement a été élu en proposant la hausse des frais de scolarité. Il a choisi de le faire en accroissant le financement des universités et en augmentant les prêts et bourses pour les étudiants les plus démunis, garantissant ainsi l'accessibilité. Je crois qu'il s'agit d'un pas dans la bonne direction, que la société québécoise en sort gagnante. Et je sais que d'autres ne sont pas d'accord avec moi. Par contre, j'espère qu'on pourra s'entendre sur un point : c'était une décision démocratique. C'est le « contrat social » qu'on s'est choisi. Et ceux qui ne sont pas d'accord doivent en convaincre leurs concitoyens par des moyens tout aussi démocratiques. Les comportements de fier-à-bras n'ont pas leur place.
Youri Chassin est économiste à l'Institut économique de Montréal.