L’augmentation des droits de scolarité universitaire ne réduit pas l’accessibilité
Montréal, 16 juin 2010 – L’enjeu du financement des universités est revenu au centre des discussions sur l’avenir du système québécois d’enseignement supérieur. Un nombre grandissant d’intervenants du monde universitaire, de la communauté d’affaires et de la sphère politique (dont l’ancien premier ministre Lucien Bouchard en février dernier) proposent d’augmenter les droits de scolarité. En septembre prochain, McGill accueillera les premiers étudiants au MBA qui devront débourser 29 500 $ par année pour leur formation, et ce, malgré l’opposition du ministère de l’Éducation.
Afin de faire le point sur la question, l’Institut économique de Montréal (IEDM) publie aujourd’hui une mise à jour d’une précédente Note économique pour rappeler que les données disponibles pour les provinces canadiennes n’indiquent aucune relation directe entre le montant des droits de scolarité et l’accessibilité aux études universitaires.
Accessibilité
Les plus récentes données compilées par Germain Belzile, économiste et directeur de la recherche à l’IEDM, montrent que même si le Québec maintient les plus faibles droit de scolarité au Canada, soit 2180 $ par an en moyenne, la fréquentation universitaire y est, elle aussi, parmi les plus faibles à 28,8% en 2008-2009. En comparaison, 42,2% des jeunes adultes fréquentent l’université en Nouvelle-Écosse, malgré des droits moyens de 5877 $ par année. D’autres causes ont un poids plus important dans la décision d’un jeune de poursuivre ou non ses études, comme les résultats scolaires à l’école secondaire, par exemple.
M. Belzile croit qu’un éventuel ajustement des frais de scolarité pourrait être accompagné d’une aide adéquate qui ciblerait directement les moins bien nantis. D’ailleurs, quinzaine de personnalités publiques se sont déjà montrées ouvertes à cette idée, proposant que 30% des revenus supplémentaires provenant d’une hausse des droits de scolarité soient consacrés à l’aide financière.
Équité
L’éducation est un investissement en capital humain qui s’avère très rentable. À titre d’exemple, un récent diplômé du secondaire peut espérer gagner (avant impôts) 1 288 438 $ au cours de sa vie, contre 2 166 948 $ pour le titulaire d’un baccalauréat. Les diplômés universitaires ont non seulement des revenus plus élevés que la moyenne des travailleurs, mais leur taux de chômage est également nettement plus faible. M. Belzile explique qu’en subventionnant davantage l’éducation supérieure, les contribuables québécois se trouvent à financer les hauts salariés de demain. Il doute que cette pratique soit réellement équitable et solidaire. «En demandant aux étudiants du MBA de financer une plus grande partie du coût de leur programme, l’Université McGill cible ceux qui bénéficieront directement de leur formation. Du même coup, elle vise à combler en partie un problème récurrent de financement», explique l’économiste.
Le document avance que les universités québécoises devraient avoir la liberté d’adapter leurs droits de scolarité en fonction de leur mission, de leurs besoins et de l’environnement concurrentiel qui leur est propre. Ne pas permettre l’augmentation des droits universitaires risque de compromettre de façon importante la qualité de l’éducation supérieure au Québec sans pour autant profiter aux étudiants les moins bien nantis.
Le texte intégral de la Note économique préparée par Germain Belzile (une mise à jour de celle de Norma Kozhaya publiée en février 2004), intitulée La hausse des droits de scolarité réduirait-elle l’accessibilité aux études universitaires?, peut être consulté sans frais sur notre site Web.
* * *
L’Institut économique de Montréal est un organisme de recherche et d’éducation indépendant, non partisan et sans but lucratif. Par ses études et ses conférences, l’IEDM alimente les débats sur les politiques publiques au Québec et au Canada en proposant des réformes créatrices de richesse et fondées sur des mécanismes de marché.
– 30 –
Renseignements et demandes d’entrevues : Ariane Gauthier, coordonnatrice des communications, Institut économique de Montréal, Tél. : 514 273-0969 p. 2231 / Cell. : 514 603-8746 / Courriel : agauthier@iedm.org