État-providence: l’Institut économique de Montréal propose un débat sur les vrais chiffres
Montréal, 5 septembre 2002 – Le débat sur l’avenir de l’État-providence québécois tiendra vraisemblablement une place centrale dans l’élection générale qui aura lieu au cours de la prochaine année. Pour s’assurer qu’il ne se fasse pas sur la base de perceptions fausses et biaisées, l’Institut économique de Montréal a dévoilé ce matin sa plus récente Note économique intitulée Le démantèlement de l’État-providence au Québec: mythe ou réalité?
Rédigée par l’économiste Norma Kozhaya, le document cherche à évaluer l’affirmation maintes fois répétée au cours des dernières années selon laquelle les programmes sociaux ont été «démantelés» au cours des années 1990. Or, les données officielles recueillies pour cette étude montrent hors de tout doute qu’il est faux de prétendre que des coupures budgétaires draconiennes ont eu lieu.
La Note économique évalue différentes mesures de la taille de l’État et de l’ampleur des dépenses sociales et constate que les coupures modestes qui ont eu lieu au milieu de la décennie ont vite été compensées les années suivantes. Ainsi, les dépenses de programmes (toutes sauf le service de la dette) ont été coupées de 1,65 milliards de dollars de 1994 à 1997 soit de 4,5% par rapport à leur niveau de 1994. Ces baisses ont été suivies d’une hausse de 7,9 milliards entre 1997 et 2002. En comparaison, les coupures en Alberta ont atteint 22% entre 1993 et 1997.
L’IEDM examine aussi plus précisément les ressources que les deux paliers de gouvernement consacrent à chaque citoyen au chapitre des programmes sociaux seulement. On constate que les dépenses sociales par habitant au Québec ont effectivement diminué entre 1991 et 1998 mais d’un modeste 0,6% et ce en termes réels (c’est-à-dire même en tenant compte de l’inflation). Par ailleurs, depuis 1998, les transferts fédéraux ont augmenté de même que les dépenses provinciales en santé et en éducation. De nouvelles politiques familiales plus généreuses ont aussi été instaurées. Les dépenses sociales réelles par personne ont augmenté de 1,5% pour se situer à 6 354$ en 2001. Cette hausse récente, de 1998 à 2001, efface l’effet des coupures qui ont eu lieu au milieu des années 1990.
Le secteur de la santé
Quant aux dépenses dans le secteur de la santé, leur croissance en dollars courants se chiffre à 37% entre 1991 et 2001. Parmi les différentes composantes des dépenses publiques, c’est celle qui a le plus augmenté. Même en dollars constants, elles ont diminué pour les années 1995 et 1996, de 1,5% et 5% respectivement, mais augmenté au total de 19% sur la décennie 1991-2001. Les dépenses réelles par habitant en santé sont donc passées de 1 701$ en 1991 à 1 931$ en 2001, après avoir atteint un creux de 1 627$ en 1996 suite aux coupures les plus importantes.
«En somme, souligne Michel Kelly-Gagnon, directeur exécutif de l’IEDM, rien ne justifie le discours alarmiste sur le retrait de l’État qu’on entend encore régulièrement. J’invite donc les politiciens, les groupes de pression et le grand public à prendre connaissance des données et à s’assurer que leurs prises de position dans ce débat reposent sur un portrait juste de la situation. Il faut d’abord s’entendre sur la situation dans laquelle nous nous trouvons avant de chercher à la réformer.»
– 30 –
Contact: Patrick Leblanc Responsable des événements et des communications, Tél.: (514) 273-0969.