Un message sans équivoque
Le sondage Léger Marketing rendu public aujourd’hui montre que les Québécois partagent au moins un projet commun: celui de retourner à l’équilibre budgétaire dès que possible en réduisant les dépenses publiques.
En effet, le sondage nous apprend que la majorité (51%) des Québécois souhaite un retour à l’équilibre budgétaire dès le prochain budget plutôt que d’attendre 2013-2014 comme le prévoit le gouvernement. De plus, 80% des répondants affirment que le gouvernement devrait atteindre cet objectif par une réduction de ses dépenses.
Un tel appui à une option est rare dans le cadre de nos débats publics. Toutefois, un aspect révélé par le sondage est encore plus frappant: le fait qu’une réduction des dépenses publiques soit appuyée par plus de 70% des électeurs de chacun des cinq principaux partis politiques du Québec.
Cette quasi-unanimité se comprend: il a fallu des choix difficiles pour atteindre l’équilibre budgétaire en 1999. Déjà endettés collectivement de 223 milliards de dollars, les citoyens sont lucides et ne souhaitent pas que le principe durement acquis de «déficit zéro» soit abandonné. La méthode choisie pour y arriver se comprend aussi: le fardeau fiscal est déjà assez étouffant comme cela.
D’ailleurs, un sondage international de GlobeScan montre que le fait de privilégier une réduction des dépenses de l’État est une tendance dans l’opinion publique de tous les pays, que ce soit en France (82%), en Allemagne (71%) ou au Brésil (77%). Cette approche a déjà fait ses preuves ici même au Canada, entre autres à l’échelle fédérale: le budget de 1995 prévoyait des compressions substantielles dans la quasi-totalité des ministères, qui ont dû réduire leurs dépenses de moitié dans certains cas (pour les Transports et l’Industrie).
À la lumière de ces résultats, il est clair que la population appuie l’idée de réduire concrètement les dépenses publiques. Si le gouvernement cherche des idées en ce sens, il peut notamment consulter les travaux publiés par les économistes de l’IEDM depuis dix ans. De la santé à l’éducation, de l’agriculture au marché du travail, il existe une panoplie de moyens de réduire les dépenses et de mieux utiliser les fonds publics. La plupart de ces moyens tournent autour de la même idée de base: décentraliser. Aider les personnes qui en ont vraiment besoin directement plutôt que d’engouffrer des ressources dans une multitude de structures.
Le sondage est intéressant, car il permet de constater que les électeurs de toutes allégeances politiques comprennent l’importance de la rigueur budgétaire. Même si des groupes de pression bruyants vont toujours protester devant la perspective d’une réduction de dépenses dans l’un ou l’autre des ministères, on apprend aujourd’hui que la population juge cette option de loin préférable à une hausse d’impôts ou de tarifs.
Jasmin Guénette est vice-président de l’Institut économique de Montréal.