La religion verte
Voilà deux semaines qu’un séisme de forte magnitude a secoué la science du climat. Récapitulons les faits : plus de 1000 courriels, ainsi que des documents et des modèles informatiques du Climate Research Unit (CRU) ont été rendus publics. On a d’abord pensé que l’information avait été piratée, mais il semble plus probable qu’il s’agisse de fuites intentionnelles de la part d’un membre du CRU. Ces courriels, dont l’authenticité a été confirmée par leurs auteurs, ont révélé que les données qui ont permis la rédaction de rapports alarmistes étaient falsifiées de manière à cacher l’absence de réchauffement climatique depuis bientôt 15 ans. Le réchauffement anthropogénique ne serait donc qu’une vile supercherie! Non seulement l’Homme ne serait-il pas coupable, mais il n’y aurait même pas de réchauffement!
La nouvelle aurait été insignifiante s’il s’agissait d’affirmations sans fondements de quelques écosceptiques vindicatifs. Mais ce n’est pas le cas. Il s’agit plutôt d’aveux signés de la main des grands prêtres réchauffistes parmi lesquels figurent Phil Jones, directeur du CRU, et Michael Mann, auteur de la courbe en «bâton de hockey», deux chercheurs extrêmement influents auprès du GIEC. Ainsi, les rapports à saveur apocalyptique du GIEC seraient basés sur des données savamment corrompues, et sur une obsession du CO2 non fondée. Or, c’est en fonction de ces mêmes rapports que de nombreux gouvernements ont ratifié le protocole de Kyoto, adopté une multitude de programmes coûteux, accru la réglementation, subventionné la production d’éthanol, introduit des écotaxes, mis sur pied des bourses du carbone, construit des parcs d’éoliennes, etc. Partout dans le monde, des centaines de milliards de dollars ont été dépensés parce qu’on a fait confiance aux scientifiques du CRU. Si Bernard Madoff a écopé de 150 ans de prison, quelle peine les instigateurs de la cabale climatique méritent-ils?
Mais ressasser le passé est stérile. Tournons-nous vers l’avenir. Cent soixante-dix chefs d’État s’envoleront bientôt vers Copenhague afin de ratifier un traité sur le climat. Or, nos élus sont peu bavards sur le contenu du document de 181 pages dont les enjeux sont pourtant majeurs et sans précédent. Lord Christopher Monckton, ancien conseiller du gouvernement de Margaret Tatcher, prétend qu’on y discutera de la constitution d’un gouvernement «transnational» non élu qui serait irrévocablement investi de pouvoirs extraordinaires en matière fiscale, financière, économique et environnementale. Espérons qu’il se trompe, car s’il dit vrai, nous devrons sacrifier des libertés, renoncer à la démocratie pour laquelle nos ancêtres se sont battus et accepter le mode de vie que la nouvelle gouvernance mondiale imposera.
Or, le traité de Copenhague est influencé par les recommandations des scientifiques visés par le scandale. Les bases de l’édifice climato-catastrophique s’effondrent et on s’apprête à bouleverser nos vies au nom d’un réchauffement fictif. N’est-ce pas invraisemblable, voire carrément démentiel? Ces chefs d’État se fichent-ils complètement de savoir que le réchauffement est une arnaque? N’y en a-t-il pas un seul avec suffisamment de leadership pour réclamer que la lumière soit faite sur le Climategate avant d’aller à Copenhague?
Évidemment, l’idéologie peut détrôner la science et on peut choisir de croire avec ferveur au réchauffement anthropogénique. Après tout, chacun est libre de croire en ce qu’il veut! Mais si la science est évincée, pourquoi les discours des gourous réchauffistes seraient-ils plus crédibles que les prophéties du mouvement raëlien ou des scientologues? Les gouvernements n’ont jamais signé de traité en fonction des élucubrations d’une secte quelconque. Alors, pourquoi la politique accorde-t-elle tant d’importance à l’évangile de l’éco-Armageddon?
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l’Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.