Un vrai débat sur le climat
À l’occasion du Jour de la Terre célébré samedi dernier, les médias nous ont rapporté la litanie habituelle des écologistes, à savoir que la terre se réchauffe et que nous serons confrontés à une crise écologique sans précédent si nous ne prenons pas des mesures radicales.
Pour David Suzuki, généticien, et Jacques Languirand, porte-parole du Jour de la terre, la planète est en danger de mort. L’astrophysicien Hubert Reeves prédit même la fin de l’humanité! Quand les journaux rapportent que 90 scientifiques canadiens ont adressé au premier ministre Stephen Harper une lettre alarmiste dans laquelle ils insistent sur la nécessité de concevoir rapidement une stratégie pour contrer le réchauffement climatique, il devient alors quasiment impossible de ne pas adhérer à la vision catastrophique qu’on nous propose.
Il est incontestable que la planète se réchauffe. Or, les médias québécois semblent ignorer que les scientifiques ne s’entendent pas sur les causes du réchauffement climatique et, partant, sur les solutions à adopter. On a largement fait état de la lettre alarmiste envoyée par 90 scientifiques à M. Harper, mais passé sous silence une autre lettre adressée au premier ministre dans laquelle 60 scientifiques affirmaient, preuves à l’appui, que les modèles de prévisions climatiques ne sont pas fiables.
Dans le même ordre d’idées, Yuri Izrael, vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), affirme qu’il est impossible de prouver l’influence de l’activité humaine sur le réchauffement climatique. Roger Revelle, océanographe à l’Université Harvard, démontre également le manque de fondements des propos alarmistes. Mais notre élite bien-pensante met à l’index tous les scientifiques qui tiennent ce genre de propos, tandis qu’elle encense les adeptes du culte de l’apocalypse.
Pourquoi ne nous présentent-on pas les deux points de vue? Les scientifiques qui dénoncent le catastrophisme ambiant seraient-ils moins crédibles que ceux qui annoncent la fin du monde?
Non seulement entend-on un discours unique, mais encore un discours moralisateur, destiné à nous culpabiliser et à nous inviter à être de bons «éco-citoyens». Mais être bien informé sur les différentes théories, n’est-ce pas également de l’«éco-citoyenneté»? Les environnementalistes prônent la biodiversité, mais ils étouffent la diversité des opinions. Ils nous demandent de poser des gestes, mais ils entretiennent la dictature des idées.
L’omertà
Il semble exister une omerta sur les études qui concluent que le réchauffement planétaire est dû essentiellement à des changements naturels dans l’activité solaire, que la vapeur d’eau provoque 30 fois plus d’effet de serre que le CO2, ou encore qu’il n’existe aucun lien entre le réchauffement de la planète et les ouragans ou d’autres événements météorologiques extrêmes. Mais surtout, on ignore les études qui démontrent que le Protocole de Kyoto aura des effets imperceptibles sur la température future.
Or, respecter Kyoto, ou toute autre mesure de réduction de CO2, nous coûtera des centaines de milliards de dollars. Considérant ces coûts énormes, c’est la pensée hermétique qui est dangereuse et risquée. Il est indispensable d’ouvrir le débat et de considérer toutes les options possibles, même si nous risquons d’être bousculés dans nos convictions.
Les scientifiques qui n’endossent pas le discours des environnementalistes nous proposent une argumentation solide basée sur des études sérieuses. Et si c’était eux qui avaient raison? Nous avons tout intérêt à écouter leurs conclusions avant de nous lancer dans des programmes environnementaux coûteux.
Il ne s’agit pas de nier la réalité pour économiser des dollars, il s’agit simplement de s’assurer que nous dépensons notre argent de la meilleure manière possible. Si les changements climatiques nous importent réellement, un débat franc et non partisan sur la question s’impose.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l’Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.