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Textes d'opinion

Le vieillissement et le coût de la santé

Il y a un siècle, l’espérance de vie de nos ancêtres était d’environ 47 ans, tandis que nous vivons aujourd’hui en moyenne 77 ans. Si le progrès technique et le développement économique nous ont été bénéfiques, il est entendu que les personnes plus âgées consomment aujourd’hui la part du lion des dépenses de santé.

Selon Santé Canada, les personnes âgées de 65 ans et plus représentaient 13% de la population totale en 2000, mais comptaient pour environ 45% des dépenses publiques en santé au Québec. En fait, une personne de 65 ans nécessite, en moyenne, des ressources équivalentes à 7 330 $ pour se faire soigner, tandis que les dépenses moyennes par personne sont de 2 095 $. Or, selon des estimations démographiques conservatrices, la population québécoise âgée de 65 ans et plus augmentera de 75% entre 2001 et 2021. Les dépenses de santé grimperont donc vraisemblablement de façon substantielle.

Selon les calculs de ma collègue économiste Norma Kozhaya, pour la période de 1980 à 2000, la part de l’accroissement des dépenses publiques en santé au Québec attribuable au vieillissement de la population a été de 22%. En supposant que le gouvernement conserve la même structure de dépense par groupe d’âge qu’en 2000, le vieillissement de la population entraînerait une croissance des dépenses d’environ 36% entre 2001 et 2021. Si on comptabilise une inflation de 2% par an en moyenne (ce qui constitue le niveau cible de la Banque du Canada), la croissance des dépenses publiques en santé devrait être de 98% entre 2001 et 2021. En termes plus concrets, les dépenses doubleraient d’ici 20 ans.

Mais ces estimations sont très conservatrices puisque l’inflation dans le secteur de la santé a été généralement bien plus élevée que l’inflation générale (148% comparativement à 114% pour la période de 1980 à 2000). De plus, si on veut réduire les listes d’attente, avoir accès aux équipements nécessaires et remédier aux autres problèmes qu’on connaît, la croissance des coûts sera beaucoup plus importante.

Le vieillissement de la population aura donc un impact considérable sur les coûts du système de santé public. S’ajoute à ceci le fait que le pourcentage de la population de 65 ans et plus par rapport à la population en âge de travailler passera vraisemblablement de 18% en 2001 à 32% en 2021. Il y aura donc de moins en moins de travailleurs pour soutenir les coûts de santé de vieillards de plus en plus nombreux. Ainsi, le fardeau de chaque personne en âge de travailler afin de financer notre système de santé, qui équivaut actuellement à 3 149 $, passerait à plus de 8 500 $ en 2021!

Mais le pire, toujours selon ma collègue Kozhaya, est qu’il est fort improbable que le revenu personnel augmente de façon suffisante durant cette période pour compenser cette hausse anticipée des coûts (hausse anticipée fondée sur des projections on ne peut plus conservatrices). Si tel est le cas, je crains que le refus de nos politiciens actuels de réviser en profondeur notre système de santé ne prépare le terrain à un conflit de générations potentiellement explosif. Nos gouvernements consacrent toujours plus de fonds publics aux soins de santé, mais il y a une limite à augmenter le fardeau des contribuables. Il faudra plus que de la solidarité entre les générations pour faire face à une telle crise financière.

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