Bonne Saint-Valentin!
Supposons que, le jour de la Saint-Valentin, vous tombiez également sous le charme de jumelles (ou de jumeaux), toutes deux très jalouses, la seule différence entre elles étant que l’une est riche comme Crésus et que l’autre est pauvre comme Diogène. Laquelle épouseriez-vous?
Si vous ne pouvez tomber amoureux avec plus d’une personne à la fois, imaginez alors, que chacun de ces jumeaux (ou jumelles) vous invite séparément à dîner le même soir. Imaginons aussi qu’il y ait une certaine probabilité que vous commenciez à tomber amoureux. Quelle invitation allez-vous accepter?
Certes, «il n’y a pas que l’argent dans la vie», mais ça ne nuit pas d’en avoir. Les choix individuels et leurs conséquences constituent l’objet de la science économique, une discipline dont la logique fondamentale peut s’appliquer autant aux choix amoureux qu’aux choix d’investissement. Ces choix sont fondés sur des préférences individuelles subjectives: il peut donc bien arriver que quelqu’un choisisse un partenaire plus pauvre, mais qui est un peu plus «X» (X pouvant être n’importe quelle caractéristique, selon les préférences de chacun).
En fait, la science économique ne s’intéresse à l’argent que dans la mesure où il est un moyen, parmi d’autres, de réaliser ses objectifs. Dans son livre Hidden Order. The Economics of Everyday Life, David Friedman, économiste spécialisé dans l’analyse économique du droit, montre bien qu’au fond, l’économie n’est pas une question d’argent.
L’analyse économique de l’amour a des choses intéressantes à dire sur le monde réel. Ainsi, une économiste américaine, Margaret Brinig, s’est demandé pourquoi la coutume des bagues de fiançailles, à peu près inconnue aux USA avant les années quarante, s’est alors répandue comme une traînée de poudre, pour ensuite s’atténuer deux décennies plus tard. Son explication, fondée sur moult faits et statistiques, est la suivante. Dans les années 1940, il était fréquent que les fiancés aient des relations sexuelles, même si la fiancée était consciente que la perte de sa virginité pourrait compromettre ses chances d’épouser un autre homme. La bague de fiançailles servait alors de dédommagement si le fiancé ne l’épousait pas. La coutume perdit en popularité en même temps que diminuait l’importance sociale de la virginité.
Un autre spécialiste de l’analyse économique du droit est Richard Posner, juge fédéral aux États-Unis, auteur de Sex and Reason. La théorie économique du sexe explique, nous dit Posner, comment «les formes et la fréquence des pratiques sexuelles, qu’il faut distinguer du désir et des préférences sexuelles, peuvent être interprétées comme des réponses rationalles à des opportunités et des contraintes».
Ainsi, si le coût du sexe (en termes de risque) baisse grâce à la contraception, on s’attendra, toutes choses étant égales par ailleurs, à ce que la quantité demandée augmente, ce qu’a confirmé la révolution sexuelle.
Même dans les aspects les plus émotifs de sa vie, l’individu demeure rationnel au sens où, étant donné ses émotions et ses passions, il répond aux contraintes et aux opportunités de manière à maximiser sa satisfaction, qui inclut généralement, chez un individu sain, de la considération pour autrui.