fbpx

Op-eds

Retour des Expos: le ballon-sacrifice des contribuables

Le gouvernement devrait-il utiliser nos taxes et impôts pour construire un stade de baseball à Montréal?

C’est la question sur toutes les lèvres en ce moment, alors que nos élus – autant municipaux que provinciaux – demeurent évasifs sur une éventuelle participation de l’État à un tel projet.

Il y a toutes sortes de raisons de vouloir une équipe de baseball professionnelle à Montréal. Cela pourrait, par exemple, renforcer le dynamisme de la ville. Ou ajouter à son offre de divertissement. Ou même, d’une certaine façon, rassembler ses citoyens. Après tout, quoi de mieux qu’une bonne bière entre amis pendant la partie! Mais d’un point de vue strictement économique, il faut prendre garde aux vendeurs de rêves.

Les retombées économiques…

Trop souvent, un groupe organisé ayant un intérêt pécuniaire dans le projet financera une « étude de retombées économiques » pour nous dire que chaque dollar dépensé dans son projet en fera apparaître trois dans l’économie, comme par magie!

Le raisonnement de ce type d’étude est le suivant : vous mangez un repas au restaurant et payez le propriétaire de l’établissement, disons 40 $. Le lendemain, celui-ci dépense cet argent chez le coiffeur et le boulanger. Avec ce même argent, ces derniers achètent un steak chez le boucher, et ainsi de suite. On additionne tous ces montants et… abracadabra! Votre 40 $ initial génère 160 $ de retombées économiques.

Le problème avec ce raisonnement digne d’un film de Disney est que l’on compte en double ou en triple ce qui n’est qu’un déplacement d’argent. En réalité, indépendamment du nombre d’options disponibles, le montant que vous allouez aux dépenses génèrera les mêmes retombées, peu importe où vous choisissez de le dépenser. Par exemple, si un amateur de baseball achète des billets à 200 $, il lui reste 200 $ de moins pour aller au théâtre ou au restaurant. La dépense « partie de baseball », prise dans le budget « loisirs », se fera au détriment d’autres dépenses locales.

Emplois et impôts

Quant à l’État, s’il s’engage à dépenser des millions de dollars dans la construction d’un stade de baseball, il créera certes des emplois, mais il devra prélever ces millions en impôts actuels ou futurs, dans les poches des travailleurs. Ces derniers auront alors des millions de dollars en moins pour consommer, ce qui aura généralement pour effet de « détruire » autant d’emplois qu’il n’en a été créé. Ce qu’on gagne d’un côté, on le perd de l’autre.

Il ne faut pas oublier que si l’idée d’avoir un stade à Montréal est si rentable, les investisseurs privés seront au rendez-vous. Comme ce fut d’ailleurs le cas avec le Centre Bell, qui a été construit sans fonds publics. La Ville de Montréal et le gouvernement du Québec ne devraient pas jouer au banquier avec notre argent et transférer le risque des épaules de riches investisseurs à celles des familles québécoises.

Enfin, la priorité budgétaire du Québec et de Montréal est-elle réellement de financer un stade de baseball? Dans tous les cas, ne rêvons pas d’un coup de circuit. Au mieux, les contribuables auront fait un ballon-sacrifice pour ramener les Expos au marbre. Je dis oui au baseball à Montréal… Mais à condition que ce soit à la charge des investisseurs privés!

Miguel Ouellette is Director of Operations and Economist at the MEI. The views reflected in this opinion piece are his own.

Back to top