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Renforcer nos universités et aider nos régions

La pandémie et les mesures sanitaires ont bouleversé nos modes de vie, nous plongeant à la fois dans le futur et le passé. Les cours par correspondance ont beau exister depuis une centaine d’années, il n’en demeure pas moins que l’infrastructure technologique nécessaire pour rendre possible l’enseignement virtuel n’avait pas été déployée par nos universités. C’est donc tout un retard qui devait être rattrapé: alors que c’est environ un étudiant universitaire québécois sur dix qui avait déjà suivi un cours à distance, nos universités ont dû offrir cela à toute une cohorte en simultanée.

Maintenant que cette infrastructure est en place, un simple souci de pragmatisme nous incombe d’analyser les possibilités que cela nous offre. Après tout, le Québec est doté d’établissements universitaires de grande qualité, tant en français qu’en anglais. Nous savons également que nous attirons chaque année bon nombre d’étudiants étrangers, dont ceux issus de la Francophonie. Considérant qu’il est désormais possible d’élargir le nombre d’étudiants sans agrandir les classes, ne serait-il pas logique de se munir d’une infrastructure d’enseignement à distance permanente et d’aller conquérir de nouveaux marchés?

Non seulement cela, mais ce serait également un moyen de faciliter l’occupation du territoire québécois. Comme nous le savons, le solde démographique de plusieurs de nos régions est négatif depuis au moins le début des années 2000. Les jeunes qui ont soif de poursuivre des études universitaires sont souvent contraints de se déplacer vers les grands centres, et nombreux sont ceux qui y font leur nid pour de bon.

Grâce à l’enseignement à distance, plusieurs d’entre eux choisiraient probablement de poursuivre leur cheminement académique dans leur ville natale. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, il pourrait s’avérer bien pratique d’avoir une meilleure répartition géographique de la main-d’œuvre qualifiée.

Quand l’on considère que les dépenses publiques pour les universités ont augmenté de 40% depuis 2004, alors que le nombre d’étudiants inscrits a augmenté de 20%, on peut également voir une solution porteuse se profiler dans cette nouvelle source des revenus potentielle.

En effet, nos universités pourraient ainsi générer des revenus supplémentaires sans toutefois effectuer de nouveaux investissements gargantuesques. Au final, le contribuable québécois, qui défraie une grande partie des dépenses de nos universités, y gagnerait également au change.

Afin de mettre le tout en place, il faut tout de même se demander de quelle façon nous désirons l’implanter. De prime abord, nous devons bien réaliser que certaines matières scolaires se prêtent mieux que d’autres à ce mode d’enseignement.

En effet, il est plus difficile d’envisager ce modèle être la meilleure façon de faire pour amener des étudiants en philosophie à débattre de concepts et d’idées. Il est bien probable que le mode présentiel s’avère alors préférable. Or, la situation est différente dans le milieu scientifique où l’on inculque des connaissances plus techniques. En effet, le Québec recèle de chercheurs et de professeurs de talents dans le domaine du génie informatique et de l’intelligence artificielle, à titre d’exemple. Il serait à notre avantage ainsi qu’à celui du monde entier d’utiliser des plateformes technologiques modernes afin de rendre ce savoir accessible à tous.

Partenariats avec des entreprises privées

Afin de concrétiser le tout, nos universités devront forger des partenariats avec des entreprises privées qui occupent déjà ce créneau. Celles-ci disposent d’une expertise technique dans la diffusion de ce savoir, mais également dans l’acquisition de clientèle, dont nos établissements universitaires ne pourraient pas faire l’économie alors qu’ils tentent d’ouvrir de nouveaux marchés. De façon pratique, certaines façons de faire de nos établissements d’enseignement supérieur devraient également être revus, notamment le mode de rémunération du corps professoral.

Ces petites embûches et le besoin d’acquérir une nouvelle expertise ne devraient pas représenter un frein à l’adoption de cette nouvelle façon de faire.

Si certains nous reprocheront d’en appeler à une vision mercantile de l’enseignement, nous leur rétorquerons qu’il n’y a rien de plus noble que de rendre l’éducation supérieure accessible à un plus grand nombre d’individus, peu importe leur emplacement géographique. En fait, cela pourrait même augmenter la visibilité du Québec et de ses universités, contribuant à véhiculer une image positive à l’international.

Nombreux sont ceux qui disent que l’économie de demain est celle du savoir. Pourquoi ne pas les prendre au mot?

Reuven Brenner is senior fellow at the MEI and Miguel Ouellette is Director of Operations and Economist at the MEI. They are co-authors of “How Can Quebec Become a Leader in Distance Learning?” and the views reflected in this opinion piece are their own.

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