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Le Québec peut-il vraiment se passer du gaz naturel?

Sans énergie, il n’y a pas de prospérité.

Il existe une corrélation très forte entre l’accès à une énergie abondante et la prospérité des nations. Le Burundi par exemple, l’un des pays les moins fortunés, a l’une des plus faibles consommations d’énergie par personne au monde, tandis que la Norvège, l’un des pays les plus riches, a aussi l’une des plus grandes consommations d’énergie par personne.

En fait, il n’existe pas d’État riche ayant une faible consommation énergétique, tout comme il n’existe pas non plus d’État pauvre ayant une grande consommation d’énergie.

Et c’est bien logique quand on y pense. La disponibilité de l’énergie permet d’automatiser certaines tâches et d’accéder à des systèmes d’information qui augmentent le rendement de chaque heure travaillée.

Plus nous avons d’énergie, plus nous pouvons laisser les travailleurs et travailleuses se concentrer sur les tâches à plus forte valeur ajoutée qu’eux seuls peuvent effectuer.

Malheureusement, le Québec est en voie de manquer de l’une de ses principales sources d’énergie: l’électricité.

Alors que l’on a longtemps parlé de surplus dans la capacité de production d’Hydro-Québec, des erreurs de planification à la société d’État ont fait en sorte que celle-ci estime aujourd’hui qu’il lui manque entre 150 et 200 térawattheures de production annuelle additionnelle pour répondre aux besoins du Québec de 2050.

Pour ce faire, la société d’État prévoit doubler sa production. Seul l’avenir nous dira si ce plan est suffisamment ambitieux.

Néanmoins, en attendant, l’effet de la fin des surplus et de ce manque d’électricité se fait déjà sentir dans les secteurs commerciaux et industriels.

L’an dernier, le ministère de l’Énergie a été contraint de faire des choix. Parmi les nombreux projets lui ayant été présentés, et nécessitant jusqu’à 30 000 mégawatts (MW) de puissance, seuls des projets totalisant 13 500MW ont été sérieusement évalués.

Bien que certaines demandes non retenues représentaient des doublons, il n’en demeure pas que c’est un manque pur et simple d’énergie qui explique plusieurs refus. À ce jour, 1600MW ont été attribués lors des octrois de novembre 2023 et de juin 2024.

Chaque projet annulé représente de bons emplois et une chance d’accroître la prospérité des Québécois et Québécoises auxquels nous avons été contraints de dire non, faute d’énergie.

Il existe une corrélation très forte entre l’accès à une énergie abondante et la prospérité des nations. Malheureusement, le Québec est en voie de manquer de l’une de ses principales sources d’énergie: l’électricité.

Dans un tel contexte, on pourrait croire que le gouvernement chercherait à préserver notre accès à d’autres sources d’énergie afin d’éviter que les erreurs de planification d’Hydro-Québec ne viennent freiner le développement de la province et sa prospérité.

Malheureusement, le gouvernement a plutôt choisi d’accroître encore davantage notre dépendance à l’énergie électrique.

Lors de la plus récente conférence sur le climat, tenue à Bakou, en Azerbaïdjan, le ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charrette, ainsi que la ministre de l’Énergie, Christine Fréchette, ont annoncé une interdiction progressive du recours au gaz naturel d’origine conventionnelle dans les bâtiments résidentiels, commerciaux et institutionnels.

Leur plan prévoit, dans un premier temps, l’interdiction complète de l’installation d’un chauffage au gaz naturel dans les nouveaux bâtiments résidentiels, et ce, dès 2026. Puis, à compter de 2040, le gaz naturel d’origine conventionnelle serait banni pour tous les usages commerciaux, résidentiels et institutionnels.

En interdisant le recours au gaz naturel pour le chauffage des dizaines de milliers de nouvelles résidences qui se construisent chaque année au Québec, on comprendra que l’annonce de ces deux ministres vient exacerber la pression exercée sur les capacités de production limitée d’Hydro-Québec.

La pression n’est pas minime non plus. En ce moment, le gaz naturel remplit environ 15 % de la demande énergétique en bâtiment au Québec.

Quant à la distinction entre le gaz naturel conventionnel et celui issu du processus de biométhanisation, il importe de reconnaître que le second est non seulement plus coûteux, par un facteur d’environ 8,7, mais il représente aussi une part bien minime de l’approvisionnement en gaz naturel, soit près de 2% de l’énergie distribuée par le réseau d’Énergir cette année.

Cette annonce s’ajoute à d’autres mesures, telle l’interdiction progressive des véhicules à essence d’ici 2035, qui font en sorte qu’une part importante des nouvelles installations de production d’Hydro-Québec devra être dédiée uniquement au remplacement d’autres sources d’énergie, au lieu de contribuer à la croissance de l’économie du Québec.

Si ces décisions peuvent être discutables en temps normal, elles sont tout simplement insensées dans un contexte de rareté de l’électricité.

En tentant de contraindre les Québécois et Québécoises à passer à l’électrique pour tout, malgré ce contexte de rareté, le gouvernement de François Legault opte bien malgré lui pour une approche qui vient limiter le potentiel du Québec et la prospérité de ses habitants.

Il n’est pas trop tard pour qu’il change d’avis cependant. Une chose est sûre, le Québec n’est pas en position de pouvoir se passer du gaz naturel.

Daniel Dufort is President and CEO of the MEI. The views reflected in this opinion piece are his own.

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