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La SAQ en voie de noyer les microdistilleries

Un nouveau cri du cœur des microdistilleries québécoises – lancé par l’Union québécoise des microdistilleries (UQMD) – retentit concernant la majoration excessive qu’empoche la SAQ. Le gouvernement du Québec a fait mention qu’il déposerait un projet de loi à cet égard, promettant à ces petites entreprises des allègements réglementaires. L’avenir nous montrera la sincérité de cette affirmation.

Ces distilleries qui fabriquent des spiritueux locaux sont tenues de verser une majoration avoisinant les 50 % du prix de vente de la bouteille à la SAQ, et ce, même si le produit est vendu à partir de l’atelier de fabrication. C’est donc 20 $ qui sont versés à la société d’État pour une bouteille affichée à 40 $. Autrement dit, malgré l’absence complète d’intervention de la SAQ dans le transport, l’entreposage ou la vente au détail, la Société récolte la part du lion lors de la vente d’un produit d’une microdistillerie, même si cette vente s’effectue sur le site de fabrication.

Rappelons au passage que la raison d’être de la majoration, selon la SAQ, est la suivante : « La majoration permet d’assumer les frais de vente et mise en marché, de distribution et d’administration et de dégager un résultat net ». Comment, dès lors, justifier son application dans ce contexte?

On connaît le goût prononcé du Québec pour la réglementation, mais l’heure est à l’action. Le gouvernement doit prendre acte de la situation : 70 % de ces entreprises considèrent que cette majoration est la principale barrière à leur croissance. Devant cet état de fait, la première étape serait de retirer cette pression financière excessive lorsque la vente des produits s’effectue sur les lieux de la fabrication. Pourquoi verser une majoration à la SAQ lorsque son intervention n’est pas requise? À cause de la loi? Changeons-la!

Décourager la relève

Cette situation qui étouffe ces entreprises pourrait bien causer la fermeture de plusieurs d’entre elles. Rien pour encourager la relève à se lancer en affaires. Les jeunes entrepreneurs qui voudront se lancer dans ce secteur vont-ils faire le saut sachant que la SAQ engrangera 50 % du prix final du produit vendu sur le lieu de fabrication alors qu’ils font tout le travail?

Il est de la responsabilité du gouvernement du Québec de ne pas entraver l’entrepreneuriat de jeunes pousses québécoises avec des mesures qui grugent ainsi leur rentabilité, d’autant plus que la pandémie a apporté son lot de difficultés pour les PME : en début d’année, près d’une sur quatre pensait potentiellement mettre la clé sous la porte en 2022.

Les microdistilleries sont aussi devenues une forme d’attraction touristique, ce qui fait d’elles des acteurs du développement régional permettant d’attirer en région les touristes qui apprécient tout particulièrement ce type de produits. Le gouvernement du Québec accordant beaucoup d’importance au dossier du développement régional, il doit agir pour retirer cette majoration nuisible aux entreprises.

La solution

Heureusement, le remède miracle à ce non-sens existe : un mélange entre la libéralisation du secteur de l’alcool et la suppression de la majoration sur les sites de microdistilleries.

La vente de spiritueux sur ces lieux permettrait en ce sens aux petits entrepreneurs d’offrir leur produit sans faire les frais d’une hausse de prix injustifiée par le gouvernement. De cette façon, l’entrepreneuriat québécois sera davantage foisonnant et les consommateurs pourraient alors bénéficier de baisses de prix.

Gabriel Giguère is a Public Policy Analyst at the MEI. The views reflected in this opinion piece are his own.

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