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Le Québec en déroute

Face à la menace d’Alcoa de plier bagage dans l’éventualité d’une hausse de ses tarifs d’électricité, Pauline Marois a déclaré : « Je crois que le ton est très alarmiste, inutilement. Nous sommes en discussion avec Alcoa, et ce, au plus haut niveau ».

La première ministre peut certes discuter, mais elle doit prendre conscience que c’est Alcoa qui tient le gros bout du bâton.

Pour parler franchement, si la balance du pouvoir penche en faveur de l’aluminerie, c’est parce que le Québec a actuellement besoin d’Alcoa bien plus qu’Alcoa n’a besoin du Québec. Si l’économie québécoise faisait bonne figure, si le marché du travail était dynamique, Alcoa n’aurait ni osé ni même songé à recourir au chantage. Or c’est tout le contraire, et Alcoa le sait.

L’emploi

Au mieux, notre classe politique évoque la « fragilité » de notre économie. Or notre économie n’est pas simplement vulnérable, elle carrément blessée. Pour preuve, nos principaux indicateurs affichent soit une détérioration plus rapide, soit une amélioration plus lente que l’ensemble du Canada.

En ce qui concerne le marché du travail, notre taux de chômage a certes diminué entre septembre 2012 et septembre 2013. Toutefois, il demeure supérieur à la moyenne nationale et son amélioration a été plus modeste que dans l’ensemble du pays. Également, le pourcentage de la population québécoise qui participe au marché du travail, et le pourcentage de celle qui occupe un emploi, ont tous deux diminué, et ce, plus rapidement que dans l’ensemble du pays. Pour comble, c’est au Québec que la durée moyenne du chômage est la plus longue au Canada, soit 28,2 semaines. C’est cinq semaines de plus qu’il y a un an et presque quatre mois de plus qu’en Alberta!

Performances des entreprises

Sur le plan de la performance de nos entreprises, le tableau n’est guère plus réjouissant. Au cours de la dernière année, les permis de bâtir ont chuté de 12,6% au Québec, contre 2,9% dans l’ensemble du Canada. En Alberta, ils ont augmenté de 11,3%. Au chapitre des faillites, leur nombre a augmenté de 1% au Québec, tandis qu’il a diminué de 7,9% au Canada, et de 37% en Alberta. Après le Nouveau-Brunswick, c’est le Québec qui enregistre la plus forte baisse des ventes de l’industrie manufacturière, soit -1,2%. En Alberta, elles sont en hausse de 5,9%. Pour couronner le tout, on a appris, cette semaine, que les investisseurs préféreraient l’industrie des hydrocarbures irakienne à celle du Québec.

Mais que se passe-t-il donc au Québec? Pourquoi traînons-nous dans le peloton de queue? Avec les ressources et le savoir-faire dont nous disposons, c’est l’Alberta qui devrait nous envier!

Le plus désolant, toutefois, c’est de constater que la situation économique actuelle ne semble pas inquiéter Québec outre mesure. On met sur pied une commission d’enquête sur les événements du printemps 2012 alors que c’est notre déroute économique qui devrait être scrupuleusement examinée. Plutôt triste, non?

Nathalie Elgrably-Lévy is Senior Economist at the Monreal Economic Institute. The views reflected in this column are her own.
* This column was also published in Le Journal de Québec.

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