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Op-eds

Il est temps de se dire les vraies choses concernant la réouverture de l’économie

OP-ED WRITTEN ON APRIL 26, 2020.

À l’occasion d’une récente intervention, l’administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, lassait entendre (dans ce qui pourrait être interprété comme étant une réplique oblique à François Legault) qu’il faille attendre qu’un vaccin soit disponible et administré à de larges pans de la population canadienne avant de considérer une réouverture de l’économie. C’est aussi la conséquence logique qui découle des propos tenus par plusieurs commentateurs, bien que ceux-ci n’osent en général jamais aller publiquement jusqu’au bout de leur raisonnement, et pour cause!

Il faut en effet se rappeler qu’après des décennies d’efforts soutenus, nous n’avons toujours pas trouvé de vaccins contre l’hépatite C et le VIH. Plus proche du cas qui nous concerne, le vaccin pour une infection virale qui a été développé le plus rapidement à ce jour est celui contre l’Ebola. Le délai? Cinq ans!

Les plus optimistes parlent d’un délai de 12 à 18 mois pour trouver un vaccin efficace contre la Covid-19 mais même si ce devait effectivement être le cas il faudra alors ajouter un délai additionnel non négligeable avant que celui-ci ne soit effectivement administré à un grand nombre de nos concitoyens.

Ceci m’amène à « poser la question qui tue », comme on dirait sur le plateau de Tout le monde en parle: y a-t-il quelqu’un, même parmi les plus zélotes partisans du confinement, qui oserait suggérer un confinement obligatoire et généralisé pour les 18 prochains mois, voire même pour une période beaucoup plus longue? Le mot obligatoire est d’ailleurs clé ici car il n’y a absolument rien qui empêche qui que ce soit de rester volontairement confiné chez lui indéfiniment une fois que la société aura officiellement été autorisée à rouvrir par nos bons gouvernements.

Une solution plus réaliste, et qui fait d’ailleurs de plus en plus consensus un peu partout à travers le monde, est d’opérer cette réouverture tout en respectant le plus possible des critères objectifs de santé publique. Mais ceci tout en étant par ailleurs lucide: le risque zéro n’existe tout simplement pas. En fait, si l’on se fie aux données préliminaires émanant de tests sérologiques conduits auprès de femmes enceintes à New York et à Montréal, ainsi que chez la population du comté de Santa Clara en Californie et à divers endroits en Europe (notamment en Vénétie), il est probable que de larges segments de la population ont déjà été infectés et, dans la majorité des cas, ceci sans même le savoir, donc sans symptômes tangibles.

Au bout du compte, d’ici à ce qu’un vaccin ait été trouvé, il est raisonnable de présumer que la majorité de la population aura bel et bien été infectée. Mais cela est moins dramatique qu’il n’y parait quand on tient compte du taux de mortalité réel lié à la Covid-19. En effet, si on calcule celui-ci en ratio du nombre de personnes effectivement infectées, et non pas seulement par rapport au nombre de cas officiellement confirmés, il pourrait bien être jusqu’à 50 fois moins élevé que celui généralement rapporté dans les médias. On peut d’ailleurs consulter à ce sujet l’étude de deux chercheurs allemands (Brommer & Vollmer) de l’Université de Goettingen et dont les résultats sont disponibles sur Internet.

Enfin, il n’est pas très logique de vouloir épargner les canadiens du coronavirus par le biais d’une solution, à savoir un confinement obligatoire généralisé et prolongé, qui a pour effet de les priver de traitements médicaux réguliers pour une série de conditions médicales (cancer, troubles cardiaques, dépression, etc.) qui, lorsque non traitées adéquatement, sont des causes importantes de mortalité. La maladie est quelque chose de tenace et elle ne se plie pas à la volonté des autorités publiques de tout mettre sur pause. Ses victimes comptent, elles aussi.

Michel Kelly-Gagnon is President and CEO of the MEI. The views reflected in this op-ed are his own.

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