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Observations spontanées

Une «petite» révolution dans l’industrie de la construction

Des mesures « historiques », adoptées par la Commission de la construction du Québec (CCQ), ont été annoncées aujourd’hui.

Huit mesures pourront permettre aux nouveaux travailleurs d’obtenir plus rapidement les certificats de compétence, communément appelés « cartes de compétence » dans l’industrie.

Par exemple, les entrepreneurs pourront permettre à deux de leurs enfants, plutôt qu’à un seul, d’être exemptés de l’obligation de détenir un certificat de compétence pour travailler sur leur chantier. Les élèves en formation pourront faire des stages sur un chantier (actuellement interdit) et donc obtenir un certificat de compétence d’apprenti temporaire, dans un contexte d’alternance travail-études. Et un employé d’expérience (un compagnon) pourrait superviser deux apprentis sur un chantier, plutôt qu’un seul.

C’est bien. Par contre, les mesures proposées ne changent aucun principe établi dans la loi R-20 quant à la qualification.

Cette loi, et en particulier le cloisonnement des métiers qu’elle prescrit, contribue à augmenter les coûts de plusieurs travaux dans la province, comme l’IEDM l’avait montré en 2010. Sans cet obstacle, les travailleurs québécois de la construction pourraient hausser leur productivité, ce qui permettrait au gouvernement et aux contribuables québécois d’épargner sur les coûts de construction d’ouvrages, notamment pour les infrastructures.

Au Québec, 31 métiers et occupations spécialisés se côtoient dans l’industrie de la construction. Pour exécuter des travaux, un employeur peut seulement embaucher des salariés qui détiennent le certificat de compétence dans chacun des métiers. Et bien sûr, chaque corps de métier est lié à un syndicat, qui protège jalousement son domaine de compétence.

Par exemple : un poseur de systèmes intérieurs peut poser du gypse sur un deux par quatre, mais pas sur du métal (c’est le travail d’un autre corps de métier). Un carreleur ne peut poser du prélart (c’est le travail du poseur de revêtement souple).

Cet encadrement rigide nuit à la polyvalence des travailleurs. En conséquence, l’achèvement d’un ouvrage – comme un hôpital, une école ou une usine – nécessite davantage d’ouvriers et de sous-traitants. Cela multiplie les étapes et occasionne beaucoup de pertes de temps. Qui paye la note? Dans le cas d’une école ou d’un hôpital, c’est le gouvernement, soit vous et moi.

L’économiste Pierre Fortin a estimé en 2002 que la loi R-20 dans son ensemble augmentait le coût global de construire de 10,5 %. La réglementation aurait, selon lui, un impact négatif sur le PIB québécois de 1,5 % chaque année. Soit une perte de 3,4 milliards $ et de 52 000 emplois.

En somme, les assouplissements annoncés aujourd’hui sont les bienvenus. Mais il reste beaucoup à faire. Pour économiser sur ses grands travaux, le gouvernement devra un jour assouplir la loi R-20 afin de rendre nos travailleurs plus polyvalents et plus productifs.

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