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Textes d'opinion

Tarifs douaniers de Trump – Une réponse aux tarifs axée sur la croissance

Disons les choses comme elles sont : les tarifs douaniers imposés par l’administration Trump constituent une aberration tant sur le plan diplomatique que sur le plan économique.

Une personne rationnelle aura tôt fait de se convaincre du fait qu’il s’agit ni plus ni moins d’une politique d’autosabotage complètement divorcée du réel.

Si nous ne sommes pas à blâmer pour les actions posées par le président américain, nous demeurons tout de même responsables de la réponse que nous lui offrons. Malheureusement, notre classe politique au grand complet semble prête à répondre à cet acte d’autosabotage en l’imitant.

Si les tarifs douaniers américains nuisent aux consommateurs et aux entreprises transformatrices américaines et augmentant leurs coûts, les tarifs douaniers canadiens auront le même effet de ce côté-ci de la frontière.

Il est vrai qu’à long terme, l’effet inflationniste sera probablement limité comme l’augmentation des prix à la consommation contraindra la classe moyenne à vivre plus chichement.

Mais c’est aussi là où le bât blesse. En effet, tant le gouvernement fédéral que celui du premier ministre François Legault font d’ores et déjà allusion à un plan de sauvetage de l’économie canadienne inspiré des dépenses pandémiques.

Au lieu de servir de mise en garde après l’épisode d’inflation qui en a découlé, nos décideurs y voient malheureusement une source d’inspiration. Comme quoi ceux qui n’apprennent pas de leurs erreurs sont condamnés à les répéter.

Pourquoi est-ce si terrible? Eh bien, c’est parce que c’est encore une fois la classe moyenne qui sera éventuellement frappée de plein fouet.

En se lançant dans de nouveaux plans de dépenses pharaoniques, nos gouvernements donneront l’impulsion pour une nouvelle expansion de la masse monétaire.

Pour dire les choses simplement : ils vont répondre à une augmentation temporaire des prix avec des mesures qui vont causer une augmentation permanente des prix. La solution est ailleurs.

Rendre le Canada plus attractif

Premièrement, nous devons rendre le Canada plus attractif pour les investisseurs.

Si les tarifs douaniers sont susceptibles d’attirer l’investissement d’entreprises d’ici qui souhaitent éviter de payer cette taxe, il ne s’agit pas ici de la seule raison pour laquelle ils optent pour placer leur argent là-bas.

On constate effectivement que les investissements du Canada vers les États-Unis ont augmenté de façon importante au cours de la dernière décennie. En 2014, les Canadiens disposaient d’investissements d’une valeur totale de 346 milliards de dollars aux États-Unis. Aujourd’hui, ceux-ci atteignent presque 1100 milliards de dollars.

Les baisses d’impôt lors de la première présidence Trump ont accru l’attrait des États-Unis pour les investisseurs, et tout porte à croire que les nouvelles baisses que le président américain a promises auront le même effet.

Outre la question de la taxation, nos gouvernements doivent répondre quant à la réglementation. Ces deux leviers, si activés correctement, nous permettrons de baisser la structure de coûts des producteurs locaux, et donc leurs prix. Cela donnera une impulsion à notre économie plutôt sclérosée.

Quelques mesures à envisager

Parmi les mesures qui pourraient être considérées dans un plan de relance axé sur la croissance plutôt que sur la vengeance, en voici quelques-unes que je soumettrais.

Une réduction temporaire de l’impôt sur les revenus des sociétés, permettant à nos entrepreneurs de maintenir des prix concurrentiels à l’export.

Afin d’éviter une fuite trop prononcée des investissements, nos gouvernements devraient également considérer de réduire temporairement l’impôt sur le gain en capital, comme celui-ci a l’effet le plus délétère sur l’investissement dans un contexte où cet investissement est en recul, avec les conséquences que l’on connait sur le niveau de vie des Canadiens.

Une baisse temporaire de l’impôt sur le revenu des particuliers aiderait également à faire accepter ces mesures favorables au secteur privé, tout en permettant de réduire l’impact des tarifs potentiels sur la classe moyenne.

Finalement, il sera grand temps pour tous les ordres gouvernementaux de procéder à un exercice de révision de leur inventaire réglementaire. La surréglementation rend notre économie moins dynamique, au point où le commerce intérieur en souffre.

En effet, il est pour le moins ironique de constater que l’imposition de barrières commerciales par les États-Unis engendre une levée de boucliers, alors que l’existence de barrières entre les provinces d’un même pays suscite un roulement des épaules.

Avec de telles solutions procroissance, on pourra à tout le moins tenter de faire du judo avec l’attaque d’un président américain pour le moins pugilistique plutôt que de prendre la voie du hara-kiri.

Daniel Dufort est président et directeur général de l’IEDM. Il signe ce texte à titre personnel.

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