Restreindre la pratique privée réduirait l’accès aux soins pour les patients québécois, note l’IEDM

Montréal, le 8 avril 2025 – En recommandant d’interdire la pratique privée de la médecine, le Collège des médecins du Québec va à l’encontre des meilleures pratiques internationales, affirme l’IEDM dans un Point publié ce matin.
« Lorsqu’on examine les systèmes de santé qui fonctionnent mieux que le nôtre, on voit bien que la pratique privée de la médecine ne nuit pas à l’accès aux soins », déclare Emmanuelle B. Faubert, économiste à l’IEDM et auteure de la publication. « Que ce soit en France, en Suède ou aux Pays-Bas, les patients réussissent à obtenir un meilleur accès aux soins qu’ici, même si les médecins ont l’option de pratiquer au privé s’ils le souhaitent. »
En février dernier, le Collège des médecins du Québec a déposé un mémoire sur le projet de loi 83, dans lequel l’organisme recommandait notamment d’interdire le statut de médecin non participant.
Comme le Québec n’autorise pas la pratique mixte, cela aurait pour effet de contraindre tous les médecins québécois à travailler exclusivement pour le régime gouvernemental d’assurance maladie, mettant fin à toute pratique indépendante.
Une telle approche contraste avec celle adoptée dans la majorité des pays de l’OCDE disposant de systèmes de santé universels, et en particulier avec ceux qui obtiennent de meilleurs résultats que le Québec en matière d’accès aux soins, explique l’IEDM.
Dans le classement fréquemment cité du Commonwealth Fund sur l’accès aux soins, le Canada se classe septième sur 10 pays étudiés.
Chacun des six pays mieux classés que le Canada dispose d’un système de santé universel, tout en permettant également la pratique entièrement privée de la médecine.
« Dans le système de santé néerlandais, reconnu comme le plus accessible au monde, seul un pour cent des citoyens n’a pas accès à un prestataire de soins de première ligne, comme un médecin de famille », explique Mme Faubert. « Les Pays-Bas atteignent ces résultats grâce à un système universel s’appuyant sur une multitude d’organismes indépendants en assurance et en médecine, y compris des médecins indépendants. »
Au Québec, un peu plus de 16 pour cent de la population est en attente d’un prestataire de soins de première ligne attitré, comme un médecin de famille.
La chercheuse indique qu’autoriser la pratique mixte, comme le fait le Danemark par exemple, serait une meilleure approche pour restaurer l’accès aux soins. Ce modèle plus flexible permet aux médecins de travailler à la fois dans le réseau public et dans le réseau privé.
Une étude s’étant penchée sur cette pratique montre qu’il n’y a pas de différence significative dans le nombre d’heures travaillées dans les hôpitaux publics entre les médecins ayant une pratique mixte et ceux qui exercent exclusivement au public. Les médecins en pratique mixte ajoutent plutôt quelques heures par semaine dans le privé, sans réduire leur engagement dans le réseau public.
« Ce que l’exemple du Danemark nous montre, c’est que lorsqu’on donne plus de flexibilité aux médecins, ils sont prêts à en faire davantage et à voir plus de patients », explique Mme Faubert. « En fin de compte, cela permet de traiter plus de patients chaque année et de réduire les temps d’attente, ce qui devrait être l’objectif d’un système de santé digne de ce nom. »
Au Québec, les médecins citent le manque de flexibilité, la lourdeur administrative et le désir d’une meilleure qualité de vie comme les principales raisons les poussant à quitter le système public.
La chercheuse estime que, s’il désire encourager ces médecins à réintégrer le réseau public, le gouvernement devrait s’attaquer aux raisons de leur départ, plutôt que de les forcer à revenir par des mesures coercitives.
Le point de l’IEDM est disponible ici.
* * *
L’IEDM est un think tank indépendant sur les politiques publiques dont les bureaux sont situés à Montréal, à Ottawa et à Calgary. Par ses publications, ses interventions dans les médias et ses services consultatifs aux décideurs politiques, l’IEDM stimule les débats et les réformes en matière de politiques publiques en se basant sur les principes établis de l’économie de marché et de l’entrepreneuriat.
– 30 –
Demandes d’entrevue
Samantha Dagres
Gestionnaire des communications
Cell. : 438-451-2154