RÉACTION: Ottawa a perdu le contrôle sur ses dépenses, prévoit un déficit de 48,3 milliards de dollars
Montréal, le 16 décembre 2024 — La promesse rompue du gouvernement Trudeau quant au maintient du déficit sous la barre des 40,1 milliards de dollars pour la période 2023-2024 est un signe de plus que le gouvernement a perdu le contrôle sur ses dépenses, affirme une chercheuse de l’IEDM en réponse à l’Énoncé économique de l’automne présenté plus tôt aujourd’hui.
« Ce n’est pas étonnant que le Premier ministre Justin Trudeau ait autant attendu avant de publier la mise à jour budgétaire; son gouvernement n’a même pas su respecter les objectifs les plus modestes qu’il s’était fixé en matière de rigueur », souligne Emmanuelle B. Faubert, économiste à l’IEDM. « Non seulement le déficit de cette année est beaucoup plus élevé que ce qui avait été prévu en avril, mais le gouvernement Trudeau a rompu sa promesse voulant que le déficit de l’an dernier n’excéderait pas 40,1 milliards de dollars. »
En avril, la ministre des Finances de l’époque, Chrystia Freeland, promettait aux Canadiens et Canadiennes que son gouvernement respecterait trois « ancrages fiscaux ». Elle promettait que le déficit pour 2023-2024 ne dépasserait pas la barre des 40,1 milliards de dollars. Elle promettait que le déficit diminuerait en proportion du PIB cette année et atteindrait un pour cent d’ici 2026-2027. Elle promettait également que la dette diminuerait en pourcentage du PIB.
Dans l’énoncé économique d’automne publié aujourd’hui, les dernières estimations du ministère des Finances chiffrent le déficit de l’année dernière à 61,9 milliards de dollars, soit 21,9 milliards de dollars de plus que ce qui était prévu dans le budget, et bien au-delà de la barre des 40,1 milliards de dollars.
Le déficit pour l’exercice financier en cours a également été revu à la hausse de 8,5 milliards de dollars. Il devrait désormais atteindre 48,3 milliards de dollars. Les dépenses fédérales, quant à elles, ont augmenté de 4,9 milliards de dollars par rapport à ce que le ministère des Finances avait prévu en avril dernier.
Cette année, les intérêts de la dette devraient coûter 53,7 milliards de dollars aux Canadiens et Canadiennes, soit d’avantage que les revenus que le gouvernement prévoit tirer de la Taxe sur les produits et services.
La chercheuse souligne que la croissance fulgurante de la taille de l’administration publique fédérale est un autre signe que le gouvernement a perdu le contrôle de ses dépenses.
« Depuis l’arrivée au pouvoir de ce gouvernement, la taille de la fonction publique fédérale s’est élargie de plus de 100 000 employés », explique Mme Faubert. « Comme vous pouvez l’imaginer, ces nouveaux fonctionnaires coûtent cher, contribuant ainsi à alimenter ces déficits chroniques. »
Entre mars 2016 et mars 2024, la taille de la fonction publique fédérale a augmenté de 108 793 employés, pour atteindre 367 772 employés. Cela représente une augmentation de 42 pour cent en huit ans seulement.
La chercheuse de l’IEDM s’inquiète également de la décision du gouvernement d’augmenter le taux d’inclusion des gains en capital.
« Le problème d’Ottawa n’est pas un manque de revenus, mais plutôt le fait qu’il n’arrive pas à contrôler le rythme de croissance de ses dépenses », explique Mme Faubert. « La hausse de l’impôt sur les gains en capital en est un bon exemple, ayant fait bien peu pour aider les finances fédérales, tout en rendant plus difficile d’attirer des investissements dans notre pays. »
Dans le budget déposé en avril dernier, le gouvernement annonçait qu’il augmenterait le taux d’inclusion des gains en capital de 50 pour cent à 66,7 pour cent à partir du mois de juin. Le gouvernement s’attendait à ce que cette mesure génère 19,4 milliards de dollars de recettes sur cinq ans, dont 6,9 milliards de dollars pour la seule année en cours.
Dans une publication parue en mai, l’IEDM prévenait que cette hausse d’impôt aurait un effet néfaste sur l’investissement des entreprises et l’entrepreneuriat.
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L’IEDM est un think tank indépendant sur les politiques publiques qui compte des bureaux à Montréal, Ottawa et Calgary. Par ses publications, ses apparitions dans les médias et ses services consultatifs aux décideurs politiques, l’IEDM stimule les débats et les réformes des politiques publiques en se basant sur les principes établis de l’économie de marché et sur l’entrepreneuriat.
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