Québec: pour chaque tranche de 100 nouvelles infirmières, 43 quittent la profession avant d’avoir 35 ans, montre un nouveau rapport de l’IEDM
- À travers le Canada, pour chaque tranche de 100 infirmières qui ont intégré la profession en 2022, 40 jeunes infirmières ont quitté la profession.
Montréal, le 24 septembre 2024 – Les systèmes de santé canadiens ont de la difficulté à garder les jeunes infirmières dans la profession, indique une publication lancée ce matin par l’Institut économique de Montréal.
« Sur 100 infirmières formées dans le pays, 40 quittent la profession avant l’âge de 35 ans », explique Emmanuelle B. Faubert, économiste à l’IEDM et co-auteure de la publication. « Cet exode de jeunes infirmières s’est aggravé au cours de la dernière décennie, contribuant ainsi à nos problèmes en matière de soins de santé. »
D’ici 2030, il est estimé que le Canada aura un manque de 117 600 infirmières.
La publication de l’IEDM montre que pour chaque tranche de 100 infirmières canadiennes qui ont commencé à travailler dans le domaine en 2022, 40 infirmières de moins de 35 ans ont quitté la profession. Cela représente une hausse de 25 pour cent par rapport à 2013.
Le Québec s’est classé en cinquième position, avec 43,1 jeunes infirmières quittant la profession pour chaque tranche de 100 infirmières qui l’ont intégré en 2022. Il s’agit d’une augmentation de 29 pour cent par rapport 2013.
La Colombie-Britannique a connu la plus forte baisse du nombre de jeunes infirmières quittant la profession, passant de 46,3 infirmières pour chaque tranche de 100 nouvelles infirmières intégrant la profession à 31,5 infirmières pour chaque tranche de 100 nouvelles infirmières intégrant la profession au cours de la dernière décennie.
« Les infirmières du Québec quittent le système géré par l’État à un rythme effarant, avec près de la moitié des jeunes infirmières quittant la profession avant l’âge de 35 ans », a ajouté Mme Faubert. « En obligeant les infirmières à retourner dans ce système et en interdisant le travail en agences, nous risquons d’en voir beaucoup plus envisager un changement de carrière. »
En avril 2023, le gouvernement du Québec a adopté le projet de loi 10, en espérant d’abord limiter, puis éliminer le recours aux agences de placement d’infirmières indépendantes.
Depuis l’entrée en vigueur du projet de loi, de nombreux établissements de santé à travers la province ont mis en garde contre les réductions de services attribuables aux pénuries de personnel infirmier entraînées par l’interdiction progressive des infirmières indépendantes, tel qu’on l’a vu en Montérégie-Ouest, en Côte-Nord et en Abitibi-Témiscamingue.
Une « équipe volante » de travailleurs de la santé a été promise depuis mai par le ministre de la Santé Christian Dubé afin de remédier au manque de personnel, mais n’arrive toujours pas à acheminer suffisamment de personnel.
Au Canada, les infirmières âgées de moins de 35 ans sont plus susceptibles de quitter leur emploi actuel ou la profession que de rester dans leur rôle actuel, selon un récent sondage de la Fédération canadienne des syndicats d’infirmières et infirmiers.
Certaines des préoccupations les plus fréquemment citées étaient le manque de contrôle sur leurs horaires de travail, y compris les heures supplémentaires obligatoires et le manque de flexibilité, comme principales sources de stress en milieu de travail.
Les membres du personnel infirmier qui ont exprimé le désir de quitter leur poste actuel étaient également plus susceptibles de vouloir travailler en agence.
Pour le personnel infirmier désirant avoir de meilleures conditions de travail, plus de flexibilité et de meilleurs salaires, les agences de placement sont perçues comme une alternative préférable et une dernière étape avant de quitter complètement la profession.
« On peut comprendre que certains veuillent réduire leur dépendance à l’égard des agences de placement, mais cela ne devrait pas se faire au détriment du traitement des patients », note Mme Faubert. « Si on veut réduire la dépendance à l’égard du personnel indépendant, il faut redonner de la flexibilité et faire en sorte que le système de santé redevienne un employeur attrayant. »
La publication de l’IEDM est disponible ici.
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L’IEDM est un think tank indépendant sur les politiques publiques qui compte des bureaux à Montréal et Calgary. Par ses publications, ses apparitions dans les médias et ses services consultatifs aux décideurs politiques, l’IEDM stimule les débats et les réformes des politiques publiques en se basant sur les principes établis de l’économie de marché et sur l’entrepreneuriat.
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