Québec: 37 infirmières de moins de 35 ans ont quitté la profession pour 100 nouvelles recrues en 2023, selon un nouveau rapport de l’IEDM

- À l’échelle du Canada, 40 infirmières de moins de 35 ans quittent la profession pour chaque centaine qui l’intègre.
Montréal, le 22 octobre 2025 – Le Canada épuise ses jeunes infirmières à un rythme alarmant, alors que les systèmes de santé peinent à les retenir d’un océan à l’autre, révèle une nouvelle publication diffusée ce matin par l’IEDM.
« Pour chaque tranche de 100 infirmières de moins de 35 ans qui se sont inscrites pour exercer au pays, 40 autres n’ont pas renouvelé leur permis d’exercice en 2023 », a déclaré Emmanuelle B. Faubert, économiste à l’IEDM et auteure du rapport. « Cet exode croissant aggrave la pénurie de personnel de la santé et exerce une pression encore plus forte sur un système déjà fragilisé. »
Les postes vacants dans le secteur des soins infirmiers ont plus que triplé en seulement cinq ans au Canada, passant de 13 178 en 2018 à 41 716 en 2023.
Au Québec, 37 infirmières de moins de 35 ans n’ont pas renouvelé leur permis d’exercice pour chaque centaine ayant intégré la profession en 2023. Il s’agit d’une légère amélioration par rapport aux 40 départs pour 100 entrées observés dix ans plus tôt.
Selon le rapport, cette évolution s’explique en partie par l’accord de reconnaissance mutuelle conclu entre le Québec et la France, qui facilite et accélère le recrutement d’infirmières formées en France, contribuant ainsi à accroître le nombre total d’infirmières embauchées dans la province.
« Bien que le Québec ait connu une légère amélioration du taux de départs des infirmières au cours de la dernière décennie, cela demeure nettement insuffisant », affirme Mme Faubert. « Aucune province ne devrait accepter de perdre plus d’une jeune infirmière sur trois pour chaque nouvelle recrue. »
La chercheuse souligne qu’une façon pour le Québec d’améliorer la rétention serait de simplifier le parcours que doivent suivre les infirmières formées à l’étranger pour obtenir leur permis d’exercice. Dans le système actuel, de nombreuses candidates étrangères ne sont pas informées à l’avance des coûts ni de la durée du programme de formation.
Elle met également en garde contre le risque d’interdire les infirmières d’agence dans la province, soulignant qu’une plus grande flexibilité du travail est essentielle pour maintenir les jeunes infirmières en poste.
« Contrairement à ce que le gouvernement Legault avance, les agences de placement ont joué un rôle crucial pour maintenir la motivation de nombreuses jeunes infirmières », ajoute Mme Faubert. « La flexibilité qu’elles offrent contribue à les retenir dans la profession, surtout lorsqu’elles sont épuisées par les heures supplémentaires récurrentes dans le réseau public. »
La décision du Québec de mettre fin au recours aux infirmières d’agences a fait disparaître 3,7 millions d’heures de travail dans le réseau de la santé en seulement cinq mois, soit l’équivalent d’environ 4400 postes à temps plein.
La Colombie-Britannique se démarque comme un modèle d’amélioration, ayant réduit de 50 pour cent le taux de roulement des jeunes infirmières depuis 2014. Près de 93 pour cent des infirmières formées dans la province détiennent aujourd’hui un permis d’exercice pour y travailler.
Depuis 2022, le BC College of Nurses and Midwives a simplifié le processus de reconnaissance des infirmières formées à l’étranger en introduisant une demande à trois volets couvrant les titres d’infirmière autorisée, d’infirmière auxiliaire autorisée et d’aide en soins de santé.
« La flexibilité est essentielle », souligne Mme Faubert. « Les infirmières sont un pilier de notre système de santé; nous devons veiller à ce que le système travaille pour elles, plutôt que contre elles. »
Selon l’édition 2025 de l’enquête de la Fédération canadienne des syndicats d’infirmières et d’infirmiers :
- Plus d’un tiers des répondants ont déclaré avoir effectué des heures supplémentaires involontaires au cours des six derniers mois.
- Six sur dix ont été victimes d’une forme de violence ou d’agression dans le cadre de leur travail au cours de la dernière année.
- Une sur quatre présente des symptômes cliniques d’anxiété, de dépression ou d’épuisement professionnel.
La chercheuse de l’IEDM exhorte les provinces à s’inspirer du modèle de la Colombie-Britannique, où les infirmières peuvent échanger leurs quarts de travail sans approbation administrative.
D’autres solutions prometteuses consistent à accorder davantage de flexibilité aux infirmières, en leur permettant de travailler dans des cliniques privées, des agences de soins infirmiers ou des entreprises de télésanté, afin qu’elles puissent mieux gérer leur horaire et maintenir un équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle.
« Épuiser nos jeunes infirmières aujourd’hui, c’est se priver de celles de demain », déclare Mme Faubert. « Pour protéger notre système de santé, il faut rompre avec le monopole gouvernemental et offrir aux infirmières les conditions de travail qu’elles méritent. »
Vous pouvez consulter la Note économique ici.
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L’IEDM est un think tank indépendant sur les politiques publiques dont les bureaux sont situés à Montréal, à Ottawa et à Calgary. Par ses publications, ses interventions dans les médias et ses services consultatifs aux décideurs politiques, l’IEDM stimule les débats et les réformes en matière de politiques publiques en se basant sur les principes établis de l’économie de marché et de l’entrepreneuriat.
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