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Textes d'opinion

Pétrole: mettons fin à notre dépendance envers les États-Unis

Imaginez un instant que vous êtes à la tête d’une entreprise de popcorn (pour être d’actualité). Vous savez que la demande de popcorn est forte et que, contrairement à ce que disent les lobbies anti fast-food, cette demande continuera d’augmenter dans les prochaines années. Mais votre problème est le suivant : 98 % de votre popcorn est acheté par un seul cinéma, parce que vous n’avez pas pensé à diversifier vos clients. Or, un nouveau PDG vient d’être nommé dans ce cinéma, et celui-ci, pour plaire à ses amis nutritionnistes, veut empêcher votre popcorn d’entrer dans son cinéma. Que faites-vous? Est-ce que, par hasard, ce serait une bonne idée d’essayer d’écouler votre popcorn dans d’autres cinémas, afin de sauver votre entreprise et tous les emplois qui y sont reliés?

C’est un peu la même chose pour le pétrole canadien. Dès son premier jour en fonction, le nouveau président américain Joe Biden a annulé le permis de Keystone XL, et ce projet ne risque pas d’être sa dernière victime. Comme dans l’exemple, le Canada exporte 98 % de son pétrole chez nos voisins du sud. Que devraient alors faire le Canada et son industrie pour écouler son produit? Construire de nouveaux oléoducs, afin de réduire ce risque associé à cette stratégie de client unique et de maximiser les revenus provenant de l’exportation de ce pétrole.

Selon les estimations les plus récentes, la demande de pétrole augmentera de 9 % d’ici 2045 dans le monde, et de plus de 40 % dans de nombreux pays asiatiques. De nouveaux oléoducs permettraient au Canada d’acheminer son pétrole à un plus grand nombre de raffineries et de terminaux qui pourraient ensuite l’exporter vers ces nouveaux marchés.

Il nous faut donc une plus grande infrastructure de pipelines pour diversifier nos exportations, et le gouvernement canadien devrait faire tout en son pouvoir pour permettre à ces projets de se réaliser. Mettre tous nos oeufs dans le même panier représente une stratégie risquée et seulement avec l’annulation de Keystone XL, c’est un potentiel de plus de 50 M$ par jour en exportations pour le Canada qui tombe à l’eau.

Rappelons qu’au cours des cinq dernières années, l’industrie pétrolière et gazière a garni les coffres de l’État fédéral à hauteur de 14 G$, en moyenne, par année. Le total de ces recettes publiques perçues représente plus de la moitié de la somme des déficits de toutes les provinces pendant la pandémie. Sans compter que le secteur énergétique canadien emploie directement et indirectement plus de 830 000 travailleurs et représente environ 10 % de notre PIB. Ce n’est donc pas seulement les « grosses pétrolières » qui profiteront d’une telle stratégie, mais bien l’ensemble des Canadiens.

Enfin, on ne le répétera jamais assez, les pipelines sont le moyen le plus sécuritaire et « vert » pour transporter le pétrole. Les nouveaux projets de pipelines ne compromettront ni notre sécurité ni la protection de l’environnement sur notre territoire. En moyenne, chaque année, 99,99 % du pétrole acheminé par les oléoducs sous réglementation fédérale arrive à destination sans aucun incident. Sans compter que le transport de combustibles par oléoduc émet de 61 % à 77 % moins de GES que le transport par train.

Bref, la construction de nouveaux oléoducs canadiens permettrait de maximiser le volume de combustibles transportés par le moyen le plus sécuritaire et écologique, et de saisir l’occasion en or qui se présente à nous.

Donc, je répète ma question : si vous êtes le boss, vous faites quoi?

Miguel Ouellette est directeur des opérations et économiste à l’IEDM. Il est l’auteur de « Le Canada doit revoir sa stratégie en matière d’oléoducs » et signe ce texte à titre personnel.

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