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Textes d'opinion

Ne laissons pas la crise du Covid instaurer un climat de censure

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Une crise peut en cacher une autre. Celle de la censure idéologique. Sous prétexte de lutter contre la désinformation médicale, les entreprises de réseaux sociaux et certains experts ont décidé de renforcer le contrôle sur ce qui se dit dans la sphère publique d’internet. Néanmoins, l’histoire d’Aaron Ginn démontre le danger d’une telle stratégie : celui de bloquer des débats et des critiques s’appuyant sur des arguments un minimum sérieux.

L’histoire d’Aaron Ginn : une compilation d’informations officielles censurée

L’article du Wall Street Journal d’Allysia Finley décrit l’histoire d’Aaron Ginn, un entrepreneur de la Silicon Valley qui a publié un essai intitulé Evidence over hysteria—COVID-19, le 20 mars 2020 sur le site Medium. Ce travail a été supprimé du site au motif qu’il contenait du contenu suspect, controversé ou extrême. Pourtant, la production d’Aaron Ginn est loin d’être fantaisiste : elle s’appuie avant tout sur des recherches universitaires et des données gouvernementales.

De plus comme le rappelle le Wall Street Journal, Aaron Ginn est entouré de scientifiques comme Michael Levitt (biologiste de Stanford et lauréat du prix Nobel de chimie 2013), John Ioannidis et Jay Bhattacharya (tous deux professeurs de médecine à Stanford), Joel Hay (professeur de pharmacie et d’économie de la santé à l’Université de Californie du Sud) et Neeraj Sood (USC économiste de la santé).

Ayant des origines chinoises, Ginn s’est montré méfiant vis-à-vis de l’utilisation par les Occidentaux des sources venant de la Chine et a décidé de mettre en avant des données officielles qui plaident pour une approche moins liberticide en termes de lutte contre le Covid-19. Cela a suffi à déclencher une levée de bouclier de la part « d’experts » et médias partisans du confinement, certains allant jusqu’à classer Quinn avec de vrais complotistes comme Alex Jones.

Ginn a été censuré car il manquait de sérieux selon ses détracteurs. Mais à l’heure où on remarque que le modèle dominant ayant guidé la stratégie du confinement a lui aussi ses failles, on doit se poser la question du modèle du débat public.

Il ne s’agit pas de prendre parti pour savoir si Aaron Gin a raison ou pas. Mais il est dangereux que le débat sur des mesures qui touchent toute la population soit refusé et que la censure soit pratiquée quand les informations ne vont pas dans le sens voulu. Une censure d’autant plus contreproductive car internet n’oublie rien : l’article de Ginn bien que supprimé peut être retrouvé et il a eu une influence chez certains politiques américains pour le déconfinement.

Le débat public plutôt que la censure

De manière générale, il est inquiétant que la censure devienne une norme dans nos démocraties. On critique celle du gouvernement chinois qui a empêché la population de Chine et le reste du monde de réagir de manière adéquate. On  critique aussi quand la démocratie illibérale hongroise de Viktor Orban profite de la crise du Covid-19 pour mettre en place des dispositifs visant à limiter la liberté d’expression.

Les censeurs dans nos démocraties réalisent-ils que ce sont ces modèles qu’ils copient ? Contrairement à ce que certains médias ou experts  affirment, la critique de la gestion de la crise coronavirus vient de tout horizon. Un certain nombre d’intellectuels comme le philosophe français Bernard-Henri Levy, ont fait part de leurs inquiétudes quant au fait que la santé devienne la valeur suprême et que les libertés soient restreintes au nom d’un pouvoir médical.

Nos sociétés se sont développées grâce à la confrontation des idées. Empêcher celle-ci ralentira la sortie de crise et laissera le champ libre à des personnes idéologues ou démagogues animées par des intentions liberticides et peu démocratiques.

De plus, le fait de refuser tout discours argumenté et sourcé contredisant le confinement n’aura comme résultat que de renforcer les vrais complotistes. Une censure totale sur internet étant en effet impossible, les partisans de la censure doivent choisir : accepter des critiques fondées ou les censurer et avoir la montée en puissance des complotistes extrémistes qui sont habitués à la contourner.

Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l’IEDM, Alexandre Massaux, chercheur associé à l’IEDM. Ils signent ce texte à titre personnel.

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