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Observations spontanées

Les riches sont-ils aussi victimes de la Grande Fiction?

Bastiat définissait l’État comme la grande fiction par laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde. Si l’on se réfère à une récente lettre ouverte publiée le 13 juillet à l’ouverture du G20, il semblerait que même les très riches succombent à cette chimère.

Dans cette lettre, ils déclarent que la charité ne suffirait pas à combler les besoins (en éducation, en santé et autres) créés par la crise sanitaire et économique liée à la COVID-19.

Cela devrait nous interpeller que ceux parmi nous qui disposent des plus grands moyens préfèrent déléguer à l’État la gestion des services collectifs et la protection des plus vulnérables plutôt que de s’y atteler eux-mêmes, mais aussi qu’ils déclarent préférer qu’on leur prenne par la force ce qu’ils pourraient donner de leur plein gré.

Il y a deux interprétations possibles de cet étrange élan de masochisme qui se présente comme un élan de générosité.

La première est que le succès dans les affaires, s’il démontre une certaine compréhension de la dynamique de marché, n’est pas le garant d’une intelligence économique. Sur ce plan, l’économiste Thomas Sowell a rappelé que si l’on peut se payer de coûteux services d’éducation et de santé en tant que contribuables, sous forme de monopole bureaucratique inefficace, on peut sûrement se les payer en tant que consommateurs s’ils sont fournis plus efficacement dans un marché concurrentiel. L’absence de gros bon sens économique serait donc une possible explication de cet élan sacrificiel.

La seconde interprétation est moins indulgente. Les riches correctement informés savent pertinemment qu’ils seront en mesure de se prémunir d’une taxe sur la richesse si celle-ci venait à être votée. Toutes les expériences passées l’ont démontré. Une fois la taxe adoptée, les nouvelles dépenses sont engagées mais les nouveaux impôts ne se matérialisent pas. Ce sont alors les plus pauvres (les moins mobiles) qui paient la facture fiscale à la place des riches et qui subissent le ralentissement de l’économie correspondant. Dans ce scénario, il s’agit (pour les signataires) d’une démarche hypocrite et cynique dans laquelle ils ne sont généreux qu’en apparence. Ils pensent pouvoir en retirer les bénéfices, c’est-à-dire de la reconnaissance et de la gratitude vis-à-vis de leur grand cœur compatissant mais aussi une forme détournée de marketing éthique, sans avoir à en payer réellement le prix.

La générosité authentique n’est pas ostentatoire et ce genre de profession de foi de circonstance ne rend pas justice à ceux, riches et moins riches, donateurs et bénévoles, qui travaillent chaque jour et en toute discrétion à l’allégement des souffrances de leurs semblables en difficulté.

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