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Communiqués de presse

Le taux officiel d’inflation est un «thermomètre» mal calibré qui donne la mauvaise information

Montréal, le 7 septembre 2022 — Depuis plus d’un an, les statistiques montrent une hausse inhabituelle du niveau général des prix, calculée par l’indice des prix à la consommation (IPC). Cette hausse alimente le débat public et les inquiétudes des Canadiens. D’autant plus qu’il s’agit de la plus importante depuis près de 40 ans.

Les chercheurs de l’Institut économique de Montréal estiment que la détérioration du pouvoir d’achat est bien plus prononcée que ce qu’indique le taux officiel publié et remettent en question la méthode de calcul employée qui, selon eux, ne reflète pas les réelles tensions inflationnistes enregistrées depuis le début de l’année.

« La hausse des prix et de la perte de pouvoir d’achat sont des sujets qui intéressent et touchent directement tous les Québécois, qui doivent pouvoir consulter un compteur de vitesse bien calibré. Étant calculé sur toute l’année qui vient de s’écouler, le taux d’inflation actuel est tourné vers le passé », explique Nathalie Elgrably, économiste senior à l’IEDM.

« Il s’agit d’un taux d’inflation uniquement rétrospectif, qui rapporte ce qui s’est passé au cours de l’année écoulée, sans distinguer, qui plus est, à quel moment la variation a eu lieu : il y a un an, il y a plusieurs mois, ou plus récemment? », ajoute Valentin Petkantchin, économiste et vice-président à la recherche à l’IEDM.

Un taux prospectif au lieu d’un taux rétrospectif

Pour combler cette lacune, l’IEDM propose un indicateur tourné vers l’avenir. Il s’agit d’un taux composé et annualisé calculé à partir du taux de variation de l’IPC du dernier trimestre.

« Nous l’avons nommé “taux prospectif” d’inflation des prix. Plutôt que de braquer les projecteurs sur l’érosion du pouvoir d’achat par rapport à il y a an, le taux prospectif nous éclaire quant à l’érosion qui nous attend si l’IPC continue sur sa lancée actuelle », déclare Valentin Petkantchin.

Le taux officiel actuel correspond, en effet, à la variation de l’indice des prix à la consommation (IPC) sur les 12 mois écoulés.

Grâce au taux prospectif, on aurait pu constater que le premier signe d’une poussée inflationniste dépassant la cible de 2 % surviendrait en juillet 2020, soit près d’un an avant que les statistiques officielles n’indiquent un écart par rapport à la cible. Autre exemple, le taux prospectif était à 12,5 % en mai dernier, avant de redescendre sous la barre des 10 % en juillet.

« Si l’on fait une analogie avec une voiture, le taux prospectif est à l’inflation des prix ce que le compteur de vitesse est à la voiture. À l’instar du compteur, qui indique immédiatement la distance qui sera parcourue si la vitesse actuelle se maintient au cours de la prochaine heure, le taux prospectif annonce la baisse du pouvoir d’achat à venir si l’IPC continue de croître à la même vitesse », explique Nathalie Elgrably.

« Annualiser des taux n’a rien d’extraordinaire. IL s’agit d’une pratique courante dans les milieux financiers et bancaires pour évaluer et comparer, par exemple, le rendement des placements. Pour obtenir une mesure plus représentative de la réalité, il est préférable de troquer le calcul rétrospectif de la hausse des prix pour celui d’un indicateur prospectif. Au lieu d’être renseignés sur la perte de pouvoir d’achat enregistrée au cours de la dernière année, nous serions plutôt informés quant aux tensions inflationnistes que nous vivons actuellement, en les extrapolant sur une base annuelle, c’est-à-dire sur les 12 mois à venir », conclut l’économiste.

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L’Institut économique de Montréal est un think tank indépendant sur les politiques publiques. Par ses publications, ses apparitions dans les médias et ses services consultatifs aux décideurs politiques, l’IEDM stimule les débats et les réformes des politiques publiques en se basant sur les principes établis de l’économie de marché et sur l’entrepreneuriat.

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Demandes d’entrevue :
Josée Morissette, conseillère principale en relations de presse
Cell. : 418 929-5291
Courriel : jmorissette@iedm.org

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