La rigueur budgétaire, abandonnée par la droite comme par la gauche
Montréal, le 4 août 2021 – Un article du Journal de Montréal de ce matin nous apprenait que l’État québécois est plus « obèse » que jamais, alors que le nombre de fonctionnaires a bondi de 12 % en 4 ans, malgré les promesses de réduction de la CAQ, le parti au pouvoir que plusieurs considèrent pourtant « de droite ».
Au-delà du caractère choquant de cette nouvelle pour les contribuables québécois (on apprend également que la majorité des embauches aurait été faite dans des corps d’emplois qui ne fournissent pas de services à la population), il s’agit là d’une occasion de faire un rappel important : dans le monde de la realpolitik, les distinctions idéologiques officielles ont souvent peu de sens. En effet, concevoir les gouvernements « de gauche » ou « de droite » selon qu’ils dépensent plus ou moins de fonds publics ne reflète pas nécessairement la réalité.
À titre d’exemple, une publication de l’IEDM lancée en janvier dernier dressait le portrait de la politique budgétaire du président Trump, sous la gouverne duquel la dette du gouvernement fédéral a gonflé de 36 %.
« Si la présidence de Donald Trump a été marquée par un style et une attitude tout sauf conventionnels, on remarque tout de même que sa politique budgétaire aura beaucoup emprunté à ses prédécesseurs », résumait notre chercheur, qui soulignait que le président Trump a augmenté les dépenses à un rythme qui n’était pas soutenu par des recettes fiscales équivalentes, et que la taille du déficit a augmenté sous son administration.
Dans une publication de 2013, l’IEDM montrait également que ce sont les gouvernements péquistes (gauche) de Jacques Parizeau, Lucien Bouchard et Bernard Landry qui ont contribué à réduire de 19 % en 10 ans la taille de l’État québécois. Aux États-Unis, la taille relative du gouvernement a bondi de 39 % sous les républicains (droite) de George W. Bush.
« Dans les cas que nous avons étudiés, on n’observe aucune relation systématique entre l’idéologie des partis au pouvoir et l’évolution des dépenses publiques sur le PIB. Considérer la gauche plus dépensière et la droite plus austère sur le plan économique ne résiste pas à l’analyse », souligne Michel Kelly-Gagnon, président et directeur général de l’IEDM.
« Pour bien comprendre la réalité économique, il faut aller au-delà des clichés idéologiques et du discours officiel des acteurs politiques pour se concentrer plutôt sur les faits et les statistiques », ajoute-t-il.
De façon plus inquiétante à moyen et à long terme, peu de partis semblent accorder une quelconque importance à la rigueur budgétaire, et ce, depuis plusieurs années. Cette irresponsabilité aura un coût élevé que nous devrons tous payer, quelle que soit notre idéologie.
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L’Institut économique de Montréal est un think tank indépendant sur les politiques publiques. Par ses publications, ses apparitions dans les médias et ses services consultatifs aux décideurs politiques, l’IEDM stimule les débats et les réformes des politiques publiques en se basant sur les principes établis de l’économie de marché et sur l’entrepreneuriat.
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Demandes d’entrevue : Marie-Eve McNicoll, conseillère en communications, Cell. : 581-777-5060, courriel : memcnicoll@iedm.org