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Textes d'opinion

Interdiction du plastique: une mesure fédérale à recycler

Tout semble indiquer que le gouvernement fédéral ira de l’avant avec l’interdiction de certains produits en plastique à usage unique, ce qui serait une erreur de sa part. Cette mesure restrictive n’aura fort probablement pas les effets escomptés, et si elle les obtient, il est assuré que ce ne sera pas sans écorcher l’économie canadienne.

Il faut savoir que l’industrie canadienne du plastique, plus précisément la production d’articles en plastique, représente près de 25 milliards de dollars et quelque 93 000 emplois. Il va donc sans dire qu’une interdiction de certains produits à usage unique aura des répercussions directes sur les emplois de cette industrie, et par extension sur l’économie du Canada, mais aussi du Québec : la Belle Province représente plus d’un quart des revenus associés à la vente de produits en plastique fabriqués au pays.

Interdire les sacs d’emplettes en plastique

Parmi les produits visés, nous retrouvons les sacs d’emplettes en plastique – pensons aux sacs en plastique d’épicerie. C’est un cas particulièrement intéressant étant donné que les dirigeants politiques de Montréal et d’autres municipalités du Québec, ont décidé d’emprunter la voie de l’interdiction de ce type de sac. Mais que pouvons-nous tirer des expériences internationales avec ce type de mesures?

D’abord, si l’interdiction des sacs d’emplettes en plastique en Californie a effectivement réduit l’utilisation de ce produit, elle a fait augmenter par la bande – et de façon importante – celle des sacs-poubelle plus épais. Ce remplacement des sacs en plastique plus minces par des sacs plus épais va à l’encontre de l’objectif de la mesure : plutôt que de réduire l’empreinte carbone, l’interdiction l’a augmentée.

De son côté, l’Australie affiche un résultat s’apparentant à celui de la Californie. Certains chercheurs ont donc avancé que puisque l’emploi de sacs d’emplettes en plastique n’a connu qu’une faible diminution, l’interdiction ne semble pas avoir eu d’effet sur la réduction de la pollution marine.

Les solutions de rechange aux sacs d’emplettes en plastique ne sont guère automatiquement mieux pour l’environnement : il faut les réutiliser plusieurs fois pour amoindrir l’impact environnemental. À titre d’exemple, certains sacs en coton doivent être utilisés de 100 à 3 657 fois avant d’être moins dommageables pour l’environnement que les sacs en plastique, ce qui n’est pas tout à fait ce qu’on pourrait qualifier de solution écologique. Face à ces résultats, force est de constater que le gouvernement fédéral doit emprunter une autre avenue que celle de l’interdiction de certains produits en plastique.

Par ailleurs, les emballages d’aliments, qui sont pour la plupart des plastiques à usage unique, permettent de contribuer à éviter le gaspillage alimentaire. Au Canada, un sondage de 2020 révélait qu’une famille gaspille en moyenne l’équivalent de 1 100 $ en nourriture par année. Voilà qui met en lumière la nécessité pour le gouvernement canadien d’éviter la voie de l’interdiction de plastiques à usage unique.

Les solutions proviennent des entrepreneurs

Plutôt que de miser sur une restriction inefficace, le gouvernement fédéral devrait miser sur des solutions qui émanent de l’entrepreneuriat. Modix Plastique, une entreprise en sol québécois, est un exemple intéressant puisqu’elle peut déjà recycler des sacs d’emplettes en plastique. Pourquoi alors ne pas laisser ce type d’entreprise innover plutôt que d’interdire un produit? Tant l’économie canadienne que l’environnement gagneraient à ce que le gouvernement fasse confiance aux solutions générées par des entrepreneurs au lieu d’imposer des mesures restrictives qui auront des répercussions négatives directes sur nos producteurs et consommateurs.

La meilleure façon pour le gouvernement d’encourager un recyclage efficace est de créer les conditions pour susciter les développements technologiques au moyen de crédits et baisses d’impôts, autrement dit en mettant en place un cadre fiscal concurrentiel qui aura un effet d’attraction pour les entreprises et leurs innovations.

L’objectif de réduction des déchets de plastique dans l’environnement doit absolument se poursuivre, mais la solution doit provenir des entrepreneurs, et non d’une politique restrictive interdisant certains produits.

Gabriel Giguère est analyste en politiques publiques à l’IEDM. Il est l’auteur de « Interdire les produits en plastique ne protégera pas l’environnement » et signe ce texte à titre personnel.

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