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Textes d'opinion

Intelligence artificielle: des emplois meilleurs et plus nombreux

On s’entend généralement pour dire que la montée de l’intelligence artificielle (IA) transformera nos vies personnelles et professionnelles. On s’entend généralement aussi sur le fait qu’à l’image des révolutions technologiques précédentes, les répercussions à long terme de l’IA sur l’emploi seront positives. Certains craignent cependant qu’à court terme, des emplois disparaissent avant qu’ils ne puissent être remplacés.

Il va sans dire que le sort des travailleurs touchés ne devrait pas être ignoré. Cela étant dit, bien qu’elles fassent la manchette, les craintes de pertes d’emploi sont largement exagérées.

L’intelligence artificielle est d’abord et avant tout un puissant moteur de croissance. La firme PwC estime que sa contribution au PIB mondial sera essentiellement équivalente à celle de l’ensemble de la zone euro d’ici 2030. De plus, l’IA apportera son propre remède au chômage grâce aux changements structurels sur le marché du travail qu’elle et des technologies connexes entraîneront, ce qui devrait créer 58 millions d’emplois mondialement d’ici 2022.

L’IA créera des emplois de toutes sortes de façons. D’une part, la complémentarité personne-machine est hautement productive et peut accroître la demande pour de tels services combinés.

Par exemple, dans les années 80, les chiffriers électroniques ont permis d’automatiser de nombreuses tâches comptables fastidieuses. Le temps épargné a fait place à des activités à plus forte valeur ajoutée, ce qui a entraîné une hausse de 50 % des investissements dans les services comptables.

L’IA permet également aux travailleurs moins expérimentés ou moins qualifiés d’être productifs beaucoup plus rapidement, de sorte que les chômeurs pourront bénéficier de meilleures perspectives d’emploi, quel que soit leur niveau de scolarisation.

En fin de compte, que ce soit pour développer, exploiter ou maintenir des outils d’IA, ou pour collaborer grâce à ceux-ci, les travailleurs seront plus productifs et bénéficieront d’emplois mieux rémunérés, moins risqués et plus gratifiants.

Minimiser le chômage technologique

La demande pour certaines compétences devrait augmenter et demeurer forte. La plupart des travailleurs hautement qualifiés continueront de perfectionner l’IA et d’élargir ses domaines d’application. D’autres employés moins qualifiés tireront aussi profit de l’investissement dans des outils complémentaires de l’IA.

En revanche, de nombreux travailleurs à revenu moyen dont l’occupation est plus sujette à l’informatisation passeront probablement de la fabrication aux services, où la créativité et les aptitudes sociales (qui sont plus difficiles à maîtriser pour l’IA) sont essentielles.

Nous pouvons et devons essayer de remédier à la situation des travailleurs les plus susceptibles d’être touchés par le chômage technologique attribuable à l’IA. Trois principales pistes doivent être considérées.

1. Réorienter l’éducation et la formation

Investir dans le capital humain est primordial si nous voulons optimiser les possibilités économiques qui découlent de l’IA. Il y a pénurie de compétences difficiles à maîtriser pour les machines, comme la résolution de problèmes complexes, le travail d’équipe et le leadership. Certaines entreprises comblent l’écart en mettant à jour les compétences de leurs employés. Les établissements d’enseignement, eux, doivent établir des relations plus étroites avec les entreprises afin de mieux s’adapter à un environnement qui évolue rapidement.

2. Éliminer les obstacles au développement des entreprises et à l’embauche

L’élimination des obstacles aux activités des entreprises favorise la croissance et la création d’emplois. Bien que le Canada profite généralement d’un haut degré de liberté économique, le niveau élevé des dépenses gouvernementales, un taux d’imposition marginal élevé et une performance médiocre en ce qui a trait à l’exécution judiciaire des contrats constituent des obstacles majeurs pour les entreprises du pays, et affectent par ricochet les décisions d’embauche.

3. Encourager l’entrepreneuriat

L’IA elle-même facilitera la création d’entreprises et le travail autonome, et les rendra moins risqués. Toute la chaîne d’approvisionnement peut être soutenue par l’IA, des fournisseurs sont accessibles grâce à des plateformes dédiées, qui leur offrent une accessibilité inédite à la clientèle. Or, le manque de compétences générales et de compétences en gestion financière demeure un obstacle au succès des PME, ce qui nous ramène aux établissements d’enseignement : il est important de préparer les étudiants à devenir non seulement des employés, mais aussi des propriétaires d’entreprise. D’ici là, l’entrepreneuriat peut être encouragé par la réduction des taux d’imposition applicables aux dirigeants d’entreprises.

Le développement et le déploiement rapides de l’IA sont une occasion à saisir plutôt qu’à craindre. Toutefois, ils accentuent aussi l’urgence de réformes structurelles qui aideraient le Canada à réduire au minimum la durée du chômage transitoire tout en renforçant son leadership en matière de liberté économique et de facilité à faire des affaires.

Gaël Campan est chercheur associé senior à l’IEDM, Luc Vallée est chef des opérations et économiste en chef à l’IEDM. Ils sont les auteurs de « Des emplois plus nombreux et meilleurs: les multiples effets de l’IA sur le marché du travail » et signent ce texte à titre personnel.

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