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Textes d'opinion

Instaurer des politiques environnementales sans pénaliser nos régions

La réduction de nos émissions de gaz à effet de serre est l’une des grandes préoccupations de notre époque. Or, les nombreux intérêts divergents qui s’affrontent dans ce dossier en font un véritable casse-tête pour les décideurs politiques. Après de nombreuses années où se sont multipliées les politiques publiques visant à réduire les émissions de GES, il est temps de faire le point sur l’application et les résultats de ces mesures. Malheureusement, force est de constater que les régions sont généralement les plus pénalisées par celles-ci comparativement aux centres urbains.

Tout d’abord, il convient de rappeler que les résidents des communautés rurales ont des revenus inférieurs de 16 % en moyenne à ceux des grands centres. Le taux de chômage y est plus élevé et la croissance des revenus plus lente. Bref, nos régions ont besoin d’un coup de pouce afin de faciliter leur développement, tant sur le plan économique que démographique.

Moduler en fonction du territoire

La tarification du carbone est certainement l’une des mesures les plus efficaces pour combattre les changements climatiques. Il s’agit en fait d’attacher un prix à certains comportements, par exemple la consommation d’essence, afin de les décourager. Il est toutefois préférable que cela soit effectué de façon à déplacer le fardeau fiscal des gens et des entreprises plutôt que de l’augmenter. Il s’agit d’ailleurs d’un principe reconnu par de nombreux économistes.

Il faut souligner que la politique québécoise de tarification du carbone fait augmenter de façon uniforme le prix de l’essence dans l’ensemble de la province. Il est facilement concevable que cela produise l’effet escompté dans une ville comme Montréal, où les gens peuvent plus facilement troquer la voiture pour le métro ou l’autobus pour se rendre au bureau ou visiter des amis. Là où le bât blesse, c’est que les solutions de rechange ne sont généralement pas au rendez-vous dans les régions rurales. Le consommateur est donc captif. Il serait nettement plus équitable de moduler la tarification du carbone sur le territoire québécois de façon que les résidents de nos régions ne soient pas indûment pénalisés par ce qui devient tout simplement une ponction fiscale.

Exploiter le gaz naturel

Si nos régions sont moins prospères, c’est également parce qu’on les empêche de saisir certaines opportunités. Par exemple, le moratoire sur l’exploitation de nos ressources de gaz naturel a des conséquences bien réelles sur l’économie de nos régions.

Si l’exploitation du gaz naturel était permise, nous pourrions créer 9200 emplois, augmenter notre PIB de 93 milliards de dollars et générer des recettes fiscales de 15 milliards de dollars sur une période de 25 ans. Ce sont des emplois de grande qualité qui seraient créés non seulement dans le Centre-du-Québec et en Montérégie, mais aussi dans des régions plus à l’est comme la Gaspésie, où le taux de chômage demeure très élevé. Sans oublier que l’exportation de notre énergie permettrait d’accélérer la fermeture de centrales au charbon ailleurs dans le monde, et ainsi réduire les émissions mondiales de GES.

Nous voulons tous agir pour freiner les changements climatiques et assurer l’avenir de notre planète. Mais nous devons le faire de façon équitable pour tous les Québécois et les Québécoises, peu importe où ils habitent.

Miguel Ouellette est directeur des opérations et économiste à l’IEDM, Olivier Rancourt est économiste à l’IEDM. Ils sont les auteurs de « Pour des politiques environnementales adaptées à nos régions » et signent ce texte à titre personnel.

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