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Textes d'opinion

Il faut débureaucratiser notre système de santé

Au cours des derniers mois, la lourdeur bureaucratique de notre système de santé a fait les manchettes. CISSS, CIUSSS, MSS, superstructures et autant d’autres concepts insondables auquel les patients doivent se buter afin d’obtenir un simple rendez-vous. Mais qu’est-ce que les Québécois pensent vraiment de tout cela?

Selon un sondage Ipsos commandé par l’IEDM, le constat est clair : 75 % des Québécois croient que le système de santé est devenu trop bureaucratique pour s’adapter et répondre aux besoins de la population. Quand on considère les nombreux ratés du système des derniers mois, et des dernières années en général, on peut les comprendre.

Les Canadiens s’entendent également pour dire que le système doit être doté d’une plus grande capacité. Plus de lits d’hôpitaux, plus de places en cliniques, plus de personnel soignant. Après tout, des mesures restrictives sont présentement imposées à l’ensemble de la population afin de « sauver » notre système de santé. Ne serait-il pas temps de jeter les bases d’une amélioration de ce dernier? Une réflexion sur les façons d’augmenter les services disponibles, au meilleur coût possible, est de mise.

Plus de privé

C’est d’ailleurs ce vers quoi penchent les Québécois. En effet, ces derniers sont les plus ouverts au pays à ce que des entrepreneurs jouent un plus grand rôle quand vient le temps de fournir des services de santé. Ce sont 75 % des Québécois qui sont d’accord que l’État devrait permettre aux patients, sur une base volontaire, de jouir d’un accès accru à des soins offerts par des établissements gérés par le privé, mais assujettis à la couverture universelle.

Malheureusement, lorsqu’il est question d’ajouter plus de privé en santé au Québec, plusieurs ont tendance à croire qu’il s’agirait d’un pas vers un système comme l’on retrouve aux États-Unis. En fait, un modèle bien plus pertinent serait celui que nous retrouvons en Europe, notamment en Suède.

Concurrence saine

Si nous importions les aspects clés de ce modèle au Québec, cela impliquerait que l’on permette l’émergence d’hôpitaux gérés par le privé, mais que les soins seraient encore payés par l’État. Ainsi, les établissements se feraient concurrence, tant les publics que les privés, ce qui inciterait les administrations à s’améliorer et à offrir des soins de qualité afin d’éviter de perdre un trop grand volume de patients. De telles incitations pousseraient notre système de santé a toujours innover et à améliorer l’accessibilité aux soins.

D’ailleurs, une bonne façon à court terme d’augmenter l’efficacité de notre système de santé serait de rendre permanent l’accès à la télémédecine, comme l’ont fait d’autres provinces, dont l’Alberta. C’est exactement ce que pensent près de sept Québécois sur dix.

Enfin, ce ne sont pas les solutions qui manquent, et les Québécois semblent être prêts pour une réforme de fond de notre système de santé. Bien que la pandémie actuelle frappe très fort, le vieillissement de la population mettra encore plus de pression sur le système, et devrait être davantage sur nos écrans radars à moyen terme. Ces deux défis de taille devraient nous pousser à agir et à poser des actions concrètes, au grand bénéfice de la santé des Québécois et de nos finances publiques.

N’attendons pas qu’il soit trop tard avant de repenser notre façon de faire. Agissons maintenant.

Miguel Ouellette est directeur des opérations et économiste à l’IEDM. Il signe ce texte à titre personnel.

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