Il est urgent de mettre fin à l’incertitude
Plus le temps passe, plus les restrictions semblent avoir fait leur temps aux yeux des citoyens. C’est du moins ce qu’indique un sondage Angus Reid publié le 1er février dernier : 54 % des Canadiens croient qu’il est temps de lever les restrictions et de laisser les gens atteints de la COVID ou qui la craigne s’auto-isoler. Au Québec, ce sont 59 % des gens qui sont en accord avec ce principe. On parle donc d’une majorité claire.
Cela explique probablement en partie pourquoi le gouvernement du Québec a enfin emboîté le pas des autres provinces en rendant disponible un calendrier de déconfinement. Malheureusement, ce calendrier manque non seulement d’ambition, il y également a fort à parier que la levée des restrictions sera encore une fois éphémère, au Québec comme dans le reste du pays, et que nous des mesures parmi les plus restrictives du G7 nous serons encore une fois imposées dès qu’une nouvelle vague poindra à l’horizon.
D’ailleurs, il est anormal que les restrictions qui nous sont imposées soient constamment parmi les plus sévères au monde. Pourtant, le système immunitaire des Québécois n’est pas plus faible qu’ailleurs. Invoquer constamment que notre système de santé, un monopole étatique, est moins efficace et doté d’une moins grande capacité d’adaptation que les partenariats public-privé qui existent partout ailleurs, ne constitue pas une excuse valable non plus.
Il est urgent que nos décideurs publics commencent à réfléchir aux conséquences de leurs gestes sur des secteurs économiques qui font travailler un très grand nombre de Québécois, comme le tourisme et l’hospitalité, ont besoin d’une prévisibilité nettement plus importante. En effet, les touristes européens en sont déjà à planifier leurs vacances d’été. Ils ont besoin d’un calendrier de déconfinement qui offre des garanties à plus long terme que ce que nos gouvernements ont mis de l’avant quant à l’ouverture des services et les modalités d’entrée au pays. Après tout, pourquoi prévoir des vacances d’été dans un pays qui risque de vous offrir moins de libertés que vous en avez chez vous?
En plus des confinements à répétition des provinces canadiennes, les mesures abusives à la frontière canadienne rendent le Canada encore moins attrayant comme destination internationale. L’image de marque du pays en a pris pour son rhume, et elle prendra bien du temps à se rétablir si nos décideurs ne changent pas de cap très rapidement.
La solution a le mérite d’être simple : les gouvernements fédéraux et provinciaux doivent prévoir des allégements à long terme, voire définitifs. À titre d’exemple, la fin de l’exigence d’un test PCR annoncée par Ottawa ne sera efficace que dans la mesure où le gouvernement s’engage à abandonner cette mesure à tout le moins pour une durée déterminée.
De plus, pourquoi ne pas plutôt faire comme la France, la Suisse ou le Royaume-Uni en demandant tout simplement une preuve de vaccination à l’entrée? Cela aurait le mérite de nous mettre sur un pied d’égalité avec les pays qui nous concurrencent quand vient le temps d’attirer les voyageurs et les congrès internationaux. Doit-on vraiment rappeler qu’ils représentent le pain et le beurre des transporteurs aériens, des hôteliers et des restaurateurs.
Le calendrier de déconfinement des provinces doit également s’accompagner d’engagements fermes à ne pas fermer à nouveaux de grands pans de notre économie et du secteur de l’hospitalité, comme les restaurants. Après tout, si ces mesures fonctionnaient réellement, est-ce que plus de deux millions de Québécois auraient été infectés par la COVID-19 entre décembre et le début du mois de février? Plus le temps passe et plus on se doit de constater que ces mesures semblent davantage destiner à rassurer un certain pourcentage de la population qu’à avoir un effet réel sur la contamination communautaire.
Après deux ans de décrets gouvernementaux souvent arbitraires, une majorité de Canadiens et de Québécois veulent décider du niveau de risque qu’ils sont prêts à tolérer afin de mener la vie qui les intéresse. La beauté de la chose, c’est qu’en alignant nos politiques publiques à l’humeur de la population, nous pourrions donner une véritable chance à nos entrepreneurs de renouer avec le succès. Le moment est venu pour nos gouvernements de mettre fin à l’incertitude pandémique et de donner une bouffée d’oxygène à des secteurs de notre économie pour lesquelles le respirateur artificiel ne fonctionnera pas éternellement.
Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l’IEDM. Il signe ce texte à titre personnel.