fbpx

Textes d'opinion

Et les gens des régions dans tout ça?

La semaine dernière, le gouvernement Legault déposait son projet de loi visant à bannir l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures au Québec, malgré leur potentiel économique énorme pour nos régions, dont la Mauricie–Centre-du-Québec. Encore une fois, ce sont les régions rurales qui font les frais d’une mesure basée sur une analyse simpliste plutôt que sur une réflexion rationnelle et posée. Alors qu’il y a pénurie mondiale de gaz naturel et que les prix battent des records, le Québec balaye du revers de la main une occasion en or. C’est à n’y rien comprendre.

Une mesure néfaste pour l’économie et l’environnement

Si l’exploitation du gaz naturel était permise au Québec, nous pourrions créer 9200 emplois, augmenter notre PIB de 93 milliards de dollars et générer des recettes fiscales de 15 milliards de dollars sur une période de 25 ans. Ce sont des emplois de grande qualité qui seraient créés non seulement dans le Centre-du-Québec et en Montérégie, mais aussi dans des régions plus à l’est, comme la Gaspésie, où le taux de chômage demeure élevé, même en période de pénurie de main-d’œuvre dans la province. Sommes-nous réellement assez riches pour refuser ces sommes?

Mais outre les retombées économiques évidentes, il faut comprendre que les réserves de gaz naturel au Québec seraient destinées non seulement à la consommation locale, mais aussi à l’exportation vers des pays qui utilisent présentement du charbon comme source d’énergie. Après tout, de 2010 à 2018, la conversion de centrales électriques au charbon vers le gaz naturel a diminué les émissions mondiales de 500 millions de tonnes de CO2, ce qui équivaut à remplacer 200 millions de voitures à essence par des voitures électriques. N’oublions pas que de nombreux pays développés comme l’Allemagne et la Pologne utilisent toujours du charbon et que les États-Unis en augmentent la production, faute de solutions de rechange accessibles. Ainsi, le gaz naturel québécois servirait notamment à combattre les changements climatiques, objectif qui nous tient tous à cœur.

Ce n’est pas pour rien que notre gouvernement fédéral a qualifié le gaz naturel liquéfié d’énergie propre et que l’Union européenne souhaite accorder au gaz naturel l’étiquette d’énergie verte. Une transition énergétique ne se fait pas en claquant des doigts: le Québec doit comprendre que ses réserves sont un outil important pour diminuer les GES émis mondialement.

Une interdiction qui ratisse large

Tout près de Trois-Rivières, de l’autre côté du pont Laviolette, les Abénakis de Wôlinak souhaitent mettre de l’avant un projet de production de gaz naturel utilisant une technologie de captage et de stockage de CO2 qui compenserait les émissions de GES du projet. Mieux encore, on n’y utiliserait ni fluides toxiques ni fracturation hydraulique. Pourtant, le projet de loi du gouvernement provincial menace ce projet. Encore une fois, c’est à n’y rien comprendre.

Nous avons d’excellents entrepreneurs abénakis qui veulent exploiter une ressource naturelle de manière sécuritaire, écologique et économiquement soutenable, mais nous allons balayer leur projet du revers de la main? Pourtant, lors de la campagne électorale, la CAQ promettait d’être le parti des régions et de tous les Québécois.

Si le gouvernement souhaite réellement aider les régions à prospérer, qu’il permette l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures tout en encadrant le tout. Le projet de Wôlinak est un exemple parfait de potentiel de développement. Les régions doivent cesser d’être les boucs émissaires économiques du Québec.

Miguel Ouellette est directeur des opérations et économiste à l’IEDM. Il signe ce texte à titre personnel.

Back to top