Électricité : un droit de refus ne doit pas devenir un droit de veto
Hydro-Québec est souvent perçue comme un puissant levier de développement économique pour la province.
Ces dernières années, le discours ambiant voulait que les surplus de production électrique du monopole gouvernemental puissent être mis à profit pour développer l’économie du Québec.
Et les entrepreneurs ont répondu à l’appel, déposant des demandes de projets équivalant à 23 000 mégawatts auprès de la société d’État.
Malheureusement pour Hydro-Québec, les surplus ne sont plus au rendez-vous pour bien longtemps. Selon ses estimations, il lui manquerait plutôt 100 térawattheures – l’équivalent de 50 pour cent de sa production actuelle – pour répondre à la demande anticipée en 2050.
C’est en réponse à cette demande grandissante et à ces prévisions de pénurie par rapport à la capacité de production actuelle qu’Hydro-Québec demande au gouvernement de lui accorder l’autorisation de refuser bon nombre de projets.
Si les parlementaires accèdent aux demandes d’Hydro-Québec, le seuil à partir duquel la société d’État pourrait refuser le projet d’un entrepreneur passerait de 50 mégawatts – soit la consommation d’une ville comme Rouyn-Noranda – à cinq mégawatts – soit à peu près la consommation d’un village comme Saint-Jean-Port-Joli.
Si Hydro-Québec obtient un droit de refus, il faudra faire attention à ce que celui-ci ne devienne pas un droit de veto sur le développement du Québec.
À l’exception de quelques réseaux municipaux comme ceux de Joliette, Sherbrooke et Westmount, Hydro-Québec est le seul fournisseur d’électricité dans la province. Cela signifie que lorsqu’Hydro-Québec refuse d’alimenter le projet d’un entrepreneur, celui-ci doit abandonner ou le faire ailleurs.
C’est un pouvoir énorme qu’auraient donc les gestionnaires de la société d’État, soit celui de mettre un veto sur le développement du Québec et de ses régions.
Pour éviter cette situation, le gouvernement doit permettre à une offre de fournisseurs indépendants d’électricité de se développer. Autrement dit, si le monopole d’État n’arrive plus à satisfaire à la demande, il est temps d’ouvrir le secteur de l’électricité à la concurrence. Cela donnera une solution de rechange à ceux et celles qui veulent développer le Québec mais n’obtiennent pas les faveurs d’Hydro-Québec.
Bref, si quelqu’un voit un potentiel à vendre de l’électricité là où Hydro-Québec n’en voit pas, pourquoi devrions-nous l’en empêcher?