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Textes d'opinion

Élections américaines: le Canada doit redevenir compétitif

Lorsque notre principal partenaire commercial prend une nouvelle direction, il y a inévitablement des conséquences pour les entreprises d’ici.

Les tarifs douaniers qu’il menace d’imposer risquent de faire mal à nos exportateurs — et aux centaines de millions de consommateurs américains.

De toute évidence, les politiciens canadiens devront faire front commun afin de tenter de réduire les méfaits potentiels.

Ce dont on ne parle pas assez, c’est à quel point l’élection d’une deuxième administration Trump pourrait augmenter de façon importante l’avantage concurrentiel des États-Unis par rapport à nous.

En campagne, le président élu s’est notamment engagé à réduire l’impôt fédéral sur les sociétés, le faisant passer de son taux actuel de 21% au taux de 15%.

Lorsqu’on ajoute les taux imposés par les États, cela signifie que les entreprises établies aux États-Unis paieront entre 15% et 23% de leurs profits en impôts.

À titre de comparaison, en ce moment, les entreprises établies au Canada paient entre 23% et 31% de leurs profits en impôts.

Ce que cela signifie est que, si le président Trump va de l’avant avec cette baisse d’impôts, toutes les entreprises canadiennes se trouveront à avoir une facture d’impôt plus élevée en faisant affaire ici que si elles déplaçaient leur production au sud de la frontière.

La seule exception à cette règle serait l’Alberta — la province la moins taxée —, qui demeurerait compétitive avec le Minnesota — l’état américain taxant le plus les entreprises.

Il faut savoir que cela n’a pas toujours été le cas.

Jusqu’en 2017, soit avant la première baisse d’impôt sous le président Trump, les entreprises américaines étaient soumises à un taux d’imposition marginal maximal de 35% au fédéral.

En ajoutant les taux d’imposition des divers états, et en appliquant les déductions nécessaires, cela signifie que les entreprises américaines versaient entre 35% et 41% de leurs profits en impôts.

Au Canada, bien qu’il y ait eu quelques mouvements dans les provinces depuis, les taux d’impôt applicables sont demeurés relativement similaires — entre 25% et 31%.

L’élection d’une deuxième administration Trump pourrait augmenter de façon importante l’avantage concurrentiel des États-Unis par rapport à nous. La bonne nouvelle, c’est que nos gouvernements — tant à Québec qu’à Ottawa — ont le temps de planifier leurs réponses.

En l’espace de moins de 10 ans, nous serons passés d’une époque où toutes les provinces canadiennes bénéficiaient d’une fiscalité plus compétitive que celle des États américains, à une situation où tous les États américains sauf un ont des niveaux d’imposition des entreprises bien plus bas que les nôtres.

Ce changement n’est pas de bon augure pour les entrepreneurs canadiens et tous ceux et celles qui œuvrent à attirer de l’investissement ici.

Si la fiscalité n’est pas le seul élément qui compte lorsqu’une entreprise prend une décision d’investir dans un État plutôt qu’un autre, il va de soi que c’est un facteur qui pèse dans la balance.

Plus le fardeau fiscal est lourd, plus il faut attendre longtemps avant que l’investissement effectué soit remboursé et qu’il commence à générer un retour.

Dans le contexte actuel où notre productivité croît à un rythme anémique à cause des difficultés que nous avons à attirer de l’investissement dans les moyens de production, il va de soi qu’une mesure rendant notre voisin du Sud encore plus attirant pour les investisseurs nuit à nos efforts pour les attirer ici plutôt.

Mais la question de l’attrait de nouveaux investissements n’est pas la seule où ces changements fiscaux auront une incidence. Il y a aussi la question de notre capacité à générer les fonds nécessaires pour financer nos propres investissements.

Plus nos entreprises doivent payer de l’argent en taxes et en impôt, moins elles peuvent remettre d’argent aux épargnants et aux prêteurs institutionnels qui ont financé leur croissance.

À terme, cela vient à signifier une croissance moins rapide du bassin de capital pouvant être investi pour soutenir le développement de nouvelles entreprises ou les projets de croissance de celles qui sont déjà en activité.

Le résultat est que l’écart de productivité et de prospérité entre nos deux pays pourrait s’accroître à vitesse grand V.

La bonne nouvelle, en revanche, c’est que nos gouvernements — tant à Québec qu’à Ottawa — ont le temps de voir venir ces changements et de planifier leurs réponses.

Après tout, ces changements fiscaux promis par le président élu doivent obtenir l’approbation du Congrès américain, comme il s’agit de changements législatifs. Et ce n’est pas un organe connu pour sa rapidité d’action.

Si les gouvernements Trudeau et Legault en ont la volonté, ils pourraient mettre de l’avant et adopter leurs propres réformes fiscales avant même que celle de Trump ne soit entérinée.

Et on pourrait retrouver un environnement d’affaires plus concurrentiel dans le but d’aider nos entreprises à obtenir les investissements dont elles ont besoin pour croître.

Daniel Dufort est président et directeur général de l’IEDM. Il signe ce texte à titre personnel.

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