Des fraises en janvier
Selon le gouvernement provincial, les Québécois devront faire preuve de sobriété énergétique, sans quoi Hydro-Québec n’arrivera bientôt plus à fournir.
Pendant ce temps, ce même gouvernement dépense des millions de dollars pour qu’on puisse produire des fraises au Québec en plein hiver.
Depuis la fin de 2020, le gouvernement offre en effet une double subvention aux producteurs de fruits et légumes en serre.
Tout d’abord, il rembourse 50 pour cent des coûts de construction ou d’agrandissement des serres, jusqu’à concurrence de 600 000 $. Cette somme équivaut au total de l’impôt payé à Québec par un peu plus de 133 contribuables moyens dans une année.
À cela vient s’ajouter une subvention aux opérations où le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec couvre jusqu’à 40 pour cent des factures d’électricité sur une période de huit ans.
Comme vous vous en doutez sûrement, ça prend un bon paquet d’électricité pour faire pousser des fraises et des tomates lorsqu’il fait -30 °C dehors en plein hiver. En 2020 seulement, la culture en serre représentait 250 GWh de consommation électrique – autant que la consommation annuelle de 14 150 ménages québécois. Selon les prévisions d’Hydro-Québec, la demande électrique des serres augmentera de 80 pour cent d’ici 2030.
Malgré toutes ces subventions, les bas prix ne sont pas au rendez-vous. Un casseau de fraises du Québec coûte 8,40 $/lb à l’épicerie, tandis que les fraises de la Californie se vendent à 3,44 $/lb de l’autre côté de l’allée.
Le fait est qu’une serre est une installation particulièrement énergivore, et coûteuse à installer, au point où il est moins dispendieux d’utiliser la chaleur naturelle du soleil et de faire traverser un continent à un produit que de le produire en serre, localement, en faisant tourner le compteur d’Hydro à vitesse grand V.
Et contrairement à la fraise de janvier du Québec, celle de la Californie n’alimente pas les craintes de manque de capacité électrique.