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Textes d'opinion

Confisquer moins d’argent aux Québécois et Québécoises est une bonne idée

Soyez fiers, disent-ils: Québécois, votre gouvernement vous coûte plus cher que partout ailleurs sur le continent! C’est essentiellement le message que les opposants à la baisse d’impôt proposée par le gouvernement Legault nous envoient. Le fait que les Québécois et Québécoises ont la facture d’impôt la plus salée du continent serait quelque chose à célébrer, alors que les familles peinent de plus en plus à payer leurs factures.

On nous le justifie en parlant d’un panier de services beaucoup plus grand qu’ailleurs et d’un État plus égalitaire.

Sur la question du panier de services, il faut remettre en perspective un vieil argument qui tient de moins en moins. L’entrée en vigueur du programme fédéral de garderies à 10$ par jour, par exemple, est venue remettre à niveau une bonne part de l’écart entre le panier de services du Québec et celui des autres provinces canadiennes.

Sur la question de la pression fiscale, soit la part de l’ensemble des revenus dans une province qui est accaparée par l’État par l’entremise des taxes, impôts et autres contributions obligatoires, cependant, l’écart entre le Québec et le reste du pays demeure important.

En 2021, tous les niveaux de gouvernement confondus se sont accaparé 39,6 pour cent des revenus réalisés au Québec, selon les données de la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke. Dans le reste du pays, les administrations publiques se sont contentées en moyenne de 32,7% des revenus.

Ces 6,9 points de pourcentage de différence représentent plusieurs milliers de dollars par année dans les factures d’impôts, de taxes à la consommation et autres des familles. Ce sont des fonds que les ménages dans le reste du pays peuvent utiliser pour financer leurs projets d’épargne, notamment.

La gourmandise fiscale du Québec a cependant un autre effet, celui de dissuader les investissements en productivité.

Au cours des 40 dernières années, l’écart entre la productivité du travail au Québec et dans l’OCDE s’est accru, selon les données colligées par le Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal.

Qui dit retard de productivité dit une plus faible création de richesse par heure travaillée, ce qui se traduit par des salaires et, ultimement, un niveau de vie moins élevés.

Alors que le Québec accusait un léger retard de niveau de vie en 1981 (2904$ par habitant, après ajustement en fonction de l’inflation), l’écart s’est accru et représente, en comparaison avec la moyenne de pays comparables de l’OCDE en 2021, 13 077$ par habitant.

Un des facteurs expliquant ce retard de productivité est nos niveaux d’impôts élevés.

D’une part, les liens entre le niveau d’impôt des entreprises et les investissements en productivité sont très clairs dans la littérature économique.

Un exemple particulièrement probant nous vient du National Bureau of Economic Research qui, pas plus tard qu’en juillet dernier, démontrait qu’une réduction du fardeau fiscal des entreprises menait à une croissance de la taille de l’économie ainsi qu’à une hausse de la productivité.

D’autre part, l’effet négatif de l’impôt sur le revenu des particuliers sur l’investissement individuel est, lui aussi, bien documenté. On observe en fait une relation inverse entre le niveau d’impôt des particuliers et le nombre de personnes qui prennent la décision de se lancer en affaires.

Bref, plus l’impôt des entreprises est élevé, moins elles investiront en équipements améliorant la productivité. Et plus l’impôt sur le revenu des particuliers est élevé, moins ceux-ci se lanceront en affaires.

Quand on évalue donc le coût d’opportunité – en entreprises québécoises qui n’ont pas été créées, en retard de productivité et en répercussions sur le niveau de vie –, on réalise bien vite que notre facture fiscale élevée nous coûte exceptionnellement cher.

On a beaucoup de raisons d’être fiers d’être Québécois. Les impôts élevés – et les coûts directs et indirects qu’ils nous occasionnent – n’en sont pas une. En proposant d’être un peu moins gourmand lors de la prochaine saison des impôts, le gouvernement Legault prend la bonne décision.

Renaud Brossard est directeur principal, Communications à l’IEDM. Il signe ce texte à titre personnel.

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