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Observations spontanées

Chacun voit le progrès à sa porte

Alors que les primaires démocrates américaines livrent les noms des prétendants à la prochaine course électorale présidentielle, les mots utilisés par les commentateurs pour décrire les intentions des différents camps en disent long sur l’importance de contrôler le champ sémantique en politique.

La gauche est parvenue depuis des décennies à s’accaparer la notion de progrès. Le fait que leurs opposants aient négligé de contester cette victoire rhétorique indique, soit de l’incompétence, soit une domination outrancière des bastions d’influence (médiatique, culturelle, académique) par les élites de gauche. En effet, cette notion ne devrait normalement appartenir à aucune paroisse. Si le progrès est un pas dans la bonne direction, mais que les différents partis aspirent à des directions distinctes et incompatibles, alors le progrès des uns est forcément le déclin des autres.

Certains veulent contrôler les prix (salaire minimum, loyer maximum) afin d’améliorer les niveaux de vie des travailleurs et l’accès au logement. La question de savoir si les moyens préconisés atteignent les objectifs recherchés devrait être au centre des discussions. Pour les économistes, ce contrôle des prix crée en réalité des pénuries – en l’occurrence de jobs et de logements – et constitue donc un recul des conditions de vie des demandeurs d’emploi et de logement.

Afficher des intentions bienveillantes ne suffit donc pas si les moyens employés sont malfaisants. Que la gauche s’autoproclame « force du progrès », c’est de bonne guerre, mais que les journalistes politiques reprennent sans examen cette appellation à leur compte nuit à la qualité du débat sur le fond. Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde(1).

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Note

1. Albert Camus, Œuvres complètes, La Pléiade, Tome 1, 1960 [1944], p. 908.

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