Caribou forestier : le plan de sauvegarde proposé semble plus équilibré
Depuis maintes années, la population du caribou forestier au Québec semble en déclin. Plusieurs causes, telles que la présence de prédateurs, la chasse sportive, les changements climatiques et l’altération de l’habitat, peuvent potentiellement expliquer cette tendance.
Certains plans ou projets de plans passés visant la protection du caribou forestier faisaient inutilement de l’industrie forestière son bouc émissaire et, ainsi, mettaient en péril de nombreux emplois de qualité en région. Tout ceci à la faveur de résultats incertains en termes de protection faunique. En ce sens, le plan annoncé par le gouvernement québécois nous semble plus équilibré. En effet, il prévoit tenir compte des impacts socioéconomiques des politiques proposées dans son plan de protection du caribou qui sera dévoilé en 2021 et inviter à la table de discussion tous les groupes concernés. Il s’agit là d’une approche qui correspond à nos recommandations de longue date et qui, d’emblée, semble plus équilibrée.
Pour une préservation de la faune efficace et cohérente
L’un des principes fondamentaux en économie, lorsque nous souhaitons mener une analyse coûts-bénéfices, est de considérer tous les groupes qui seront affectés par la politique publique à l’étude. Ainsi, dans le cas de la sauvegarde du caribou, il est tout à fait logique et préférable d’inclure les groupes autochtones, les industries forestière et minière, les syndicats représentant les travailleurs du milieu, les conseils municipaux, les groupes environnementaux et les autres agents économiques concernés à la table de discussion.
En 2015, nous avions publié une analyse qui mettait en lumière l’inefficacité probable des plans de rétablissement proposés par le gouvernement provincial. Nous estimions que pour chaque caribou sauvegardé, il nous en coûterait 31 emplois et 3,8 millions de dollars. Si personne ne conteste la nécessité de mettre en place des mesures de conservation pour protéger la biodiversité, il est primordial de tenir compte des impacts de telles mesures sur les humains. Les plans précédents ont omis cette variable cruciale. Il ne faut plus commettre cette erreur.
Dès l’élection du gouvernement actuel, le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, a annoncé vouloir revoir certains aspects du plan de sauvegarde du caribou et consulter davantage de parties concernées. Comme nous l’avions soulevé à plusieurs reprises, de nombreuses régions au Québec bénéficient d’emplois de qualité et de retombées économiques énormes grâce au secteur forestier. Le ministre s’est donc engagé à ce que son plan de 2021 n’ait aucun impact sur les emplois et prenne en considération les défis majeurs que l’industrie forestière rencontre déjà.
Ce changement de vision est définitivement un pas dans la bonne direction et devrait d’ailleurs inspirer le gouvernement fédéral actuel. Espérons que le plan de 2021 respectera réellement les engagements du ministre, ne laissera pas tomber le développement économique des régions et leur donnera la liberté nécessaire en termes d’activités économiques.
Avec les impacts économiques négatifs provoqués par la pandémie COVID-19, ce n’est pas certainement le moment de restreindre davantage le développement économique. Au contraire, il faut l’encourager, en établissant un cadre réglementaire raisonnable et flexible. Le secteur forestier emploie plus de 300 000 travailleurs directs ou indirects au Québec. Ne le laissons pas tomber.
Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l’IEDM, Miguel Ouellette, économiste à l’IEDM. Ils signent ce texte à titre personnel.