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Textes d'opinion

Changements climatiques : misons sur l’innovation technologique plutôt que sur la panique

Bien que Greta Thunberg soit une jeune femme qui mérite notre respect, il faut éviter de céder à la panique, comme elle nous l’a suggéré dans l’une de ses allocutions.

En effet, plus un problème est sérieux, plus il est important de garder la tête froide : on a plus de chances de survivre lors d’un incendie dans un cinéma si les spectateurs restent calmes et sortent de façon ordonnée – malgré le péril – que s’ils se mettent à paniquer. De plus, les humains ont démontré durant toute l’histoire de leur espèce une remarquable capacité d’adaptation et d’innovation face aux divers défis auxquels ils ont fait face.

Dans le cas précis des changements climatiques suscités par l’activité humaine, plusieurs pistes de solution fondées sur l’innovation se pointent déjà. On doit continuer en ce sens, et accélérer la cadence. Voici quelques exemples concrets qui illustrent notre propos. Il en existe plusieurs autres.

Transformer le CO2 en outil utile

Par exemple, l’entreprise Carbon Engineering, en Colombie-Britannique, a fait le pari de créer une technologie qui capte le CO2 dans l’air. Celui-ci est alors transformé en combustible propre, débarrassé des éléments nocifs, ou utilisé pour fabriquer des matériaux comme l’acier et le béton, ou encore des revêtements. Il peut aussi être transformé en produits industriels ou en engrais. Selon les responsables de cette initiative, la technologie permet à chaque centrale de capter 1 million de tonnes de CO2, soit l’équivalent des émissions annuelles de 250 000 voitures.

La société californienne Blue Planet, elle, s’est appuyée sur le modèle de la conversion naturelle du CO2 en calcaire biogénique, qui est comparable à ce qui existe dans les océans quand les coraux se développent. Sa technologie repose sur la captation et la transformation du dioxyde de carbone en agrégats de calcaire synthétique à l’aide de solutions chimiques. Le créateur de l’entreprise, Brent Constantz, a estimé que « chaque tonne de calcaire fabriquée retient 440 kilogrammes de dioxyde de carbone, l’empêchant ainsi d’atteindre l’atmosphère. Même si vous démolissez la structure qui en contient, le carbone reste dans le calcaire ». Ces agrégats étant des ingrédients utilisables pour fabriquer du béton, ils peuvent avoir une grande utilité dans le domaine de la construction et permettre de proposer un « béton propre ». Le produit a par exemple été utilisé pour des travaux de construction à l’aéroport de San Francisco.

Le Québec est lui aussi une terre innovante où des initiatives se développent dans le but d’utiliser le CO2 à des fins agricoles et de diminuer sa présence dans l’air.

C’est ainsi que l’entreprise CO2 Solutions développe, parmi ses différentes activités, des technologies utilisant le dioxyde de carbone pour aider les légumes à pousser. Le gaz des usines environnantes est récupéré, puis transformé en CO2 pur qui servira de nourriture aux plantes poussant dans des serres agricoles. Cette technique offre d’ailleurs une solution de rechange à la pratique de brûler du gaz dans les serres (comme du méthane) pour créer du dioxyde de carbone. La technique de CO2 Solutions permet de réduire l’impact des usines et des serres associées au projet. Bien que cette entreprise fasse actuellement face à des problèmes financiers aigus, la technologie reste prometteuse et est aussi utilisée par la start-up suisse Climeworks.

Choisissons l’optimisme, tout en étant rationnellement actifs

La force de l’humanité réside dans sa capacité d’adaptation, qui doit être source d’optimisme et d’espoir. Plutôt que de servir à justifier une nouvelle couche de réglementation et de grands plans collectifs qui ne serviront que les objectifs électoraux des politiciens, la lutte contre les changements climatiques doit être l’occasion de permettre aux scientifiques et aux entrepreneurs de mettre à contribution leurs habiletés et leur intelligence.

Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l’IEDM, Alexandre Massaux est chercheur associé à l’IEDM. Ils signent ce texte à titre personnel.

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