Achat d’Air Transat par Air Canada : les consommateurs doivent-ils s’inquiéter?
Montréal, le 4 juin 2019 – Alors qu’Air Canada cherche à acquérir Air Transat, une publication lancée aujourd’hui par l’IEDM montre que les craintes des voyageurs quant à une éventuelle hausse de prix ne devraient pas être liées à une plus grande concentration du marché, mais plutôt à la présence de barrières à l’entrée dans l’industrie aérienne.
« Pour bien mesurer le degré de concurrence dans un marché, on doit regarder au-delà du nombre d’entreprises ou de parts de marché, et s’attarder plutôt sur la possibilité ou non pour des entreprises de concurrencer les joueurs en place », explique Vincent Geloso, chercheur associé à l’IEDM et auteur de la publication.
En effet, l’idée selon laquelle les entreprises détenant de grandes parts de marché nuisent aux consommateurs repose sur une confusion entre la cause et l’effet. Les entreprises détenant des parts de marché importantes ont pu atteindre ce statut grâce à leur efficacité, en augmentant la qualité de leurs produits et en réduisant leurs coûts, donc les prix. Dans ce cas, un niveau élevé de concentration n’est pas un problème pour les consommateurs. Au contraire, cela signifie plutôt des produits de meilleure qualité et moins chers.
« Une entreprise qui a innové plus vite que les autres, ce qui lui a permis de réduire ses prix et de fidéliser une majorité de consommateurs, continuera d’agir de manière concurrentielle si elle craint l’arrivée de concurrents. Si, au contraire, une entreprise bien implantée se contente d’augmenter ses prix, elle finira par encourager l’arrivée de concurrents », souligne M. Geloso.
C’est donc la présence de barrières à l’entrée dans une industrie qui nuit aux intérêts du consommateur, et non le nombre d’entreprises présentes dans un marché donné.
Or, plusieurs de ces barrières découlent de politiques gouvernementales. Par exemple, dans le cas de l’industrie aérienne, la Loi sur les transports au Canada limite la concurrence en interdisant aux entreprises étrangères de transporter des passagers entre des villes canadiennes. Cela signifie qu’un transporteur européen ne peut pas prendre de passagers à Toronto, les déposer à Montréal et y accueillir de nouveaux passagers avant de se rendre en Europe. Cet obstacle à la concurrence ne découle pas du marché, mais bien des politiques gouvernementales.
La publication montre d’ailleurs que, dans les cas répertoriés où de grandes entreprises ont abusé des consommateurs, ce fut souvent avec l’aide des gouvernements.
« Ceux qui se préoccupent du bien-être des consommateurs, que ce soit dans l’industrie du transport aérien ou en général, devraient se préoccuper davantage des obstacles à la concurrence que de la taille ou du nombre d’entreprises sur un marché. Ce sont ces obstacles, en particulier ceux dressés par les gouvernements pour protéger les entreprises en place, qui finissent par nous coûter cher », conclut Michel Kelly-Gagnon, président et directeur général de l’IEDM.
Le Point intitulé « Concentration dans le secteur aérien : devrait-on s’inquiéter? » est signée par Vincent Geloso, chercheur associé à l’IEDM. Cette publication est disponible sur notre site.
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L’IEDM est un think tank indépendant sur les politiques publiques. Par ses publications et ses interventions, l’IEDM alimente le débat sur les politiques publiques au Québec et à travers le Canada en proposant des réformes fondées sur les principes de l’économie de marché et de l’entrepreneuriat.
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Demandes d’entrevues : Daniel Dufort, Directeur des relations externes, IEDM. Tél. : 514-273-0969 p. 2224 / Cell. 438-886-9919 / courriel : ddufort@iedm.org