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Textes d'opinion

Les gouvernements et la gestion de données ne font pas bon ménage

Dix ans pour régler un problème informatique! Oui, vous avez bien lu, une décennie. L’Agence du revenu du Canada (ARC) va enfin pouvoir commencer à collecter des sommes perçues en trop auprès des bénéficiaires du Régime de pension du Canada.

En effet, 66 millions de dollars auraient dû être récupérés depuis 2009, mais en raison d’un bogue informatique à la suite de la mise en œuvre d’une nouvelle plateforme, Ottawa n’a jamais pu déterminer les montants dus.

Cela s’ajoute au fiasco du célèbre système de paie Phénix, qui a débuté en 2016 et qui continue à ne pas verser les bons salaires aux fonctionnaires, souvent en omettant carrément de les payer. On apprenait il y a quelques mois que ce dernier désastre allait occasionner des milliards de dollars de dépenses de plus que prévu et n’allait pas être réglé avant 2023.

Que penser de tous ces problèmes?

Pourquoi cela arrive-t-il toujours au gouvernement? Avez-vous déjà entendu parler d’une grande entreprise incapable de régler ses bogues informatiques ou qui ne parvient pas à corriger son système de paie? Le gouvernement fédéral et celui des provinces sont de très grosses bureaucraties. Tellement qu’on commence à croire qu’elles croulent sous leur propre poids. Et cela devrait nous amener à remettre en question certaines façons de faire.

Un exemple parmi plusieurs: il y a quelques mois on discutait de la possibilité que le ministère du Revenu du Québec préremplisse la déclaration de revenu des contribuables. Imaginez les erreurs qui surviendraient avec un tel système très complexe. Un Phénix à l’échelle québécoise qui toucherait potentiellement un très grand nombre de contribuables.

Les coûts et les probabilités d’erreurs d’un tel système, où le ministère doit colliger toute l’information pertinente sur tous les contribuables et calculer le bon montant d’impôt dû, seraient très élevés. Des expériences internationales dans les pays où le gouvernement calcule le montant de l’impôt peuvent servir d’avertissement.

En France en 2006, le quart des déclarations comportaient au moins une erreur; en 2018, le nombre était encore d’un demi-million. Au Royaume-Uni, en raison d’une erreur du gouvernement, près de six millions de contribuables ont vu leurs impôts incorrectement calculés, sur un total de quelque 40 millions.

Gardons les choses simples. Laissons place à l’initiative privée et à la concurrence afin d’éviter les avalanches d’erreurs et les coûts supplémentaires.

Germain Belzile est chercheur associé senior à l’IEDM. Il signe ce texte à titre personnel.

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