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Textes d'opinion

Les travailleurs canadiens peu productifs, selon l’OCDE

Il y a quelques jours, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) publiait son dernier rapport annuel, dans lequel elle dresse un portrait de la situation économique du Canada. Le constat est en quelque sorte calamiteux.

Selon les auteurs, les travailleurs canadiens seraient moins productifs que ceux de la moitié des pays de l’OCDE, et la croissance de la productivité serait inférieure à la moyenne de ces mêmes pays. Bien que l’étude n’analyse pas la situation du Québec, notre province n’échappe pas à ce problème.

Depuis 20 ans, l’écart entre le Canada et le Québec en ce qui a trait à la productivité du travail et le coût unitaire de main-d’œuvre a presque doublé: les travailleurs québécois sont donc moins productifs et plus coûteux en moyenne qu’ailleurs au Canada. Autrement dit, si l’OCDE s’était penchée spécifiquement sur le cas du Québec, le diagnostic aurait probablement été gênant.

En période de pénurie de main-d’œuvre, des politiques publiques contribuant à la croissance de la productivité devraient être mises en place. Heureusement, le rapport de l’OCDE offre à nos gouvernements plusieurs recommandations judicieuses qui vont en ce sens.

Plus de concurrence, moins de réglementation

Selon l’étude, le Canada aurait tout avantage à favoriser la concurrence sur ses marchés. Les auteurs recommandent entre autres la levée de plusieurs obstacles à la concurrence, la privatisation des services postaux (sans cependant créer de monopole privé!) et l’assouplissement de la réglementation dans plusieurs secteurs.

Un de ces secteurs est celui du transport aérien. Comme nous l’avons souligné dans une récente publication, les consommateurs profiteraient d’une diminution du fardeau réglementaire dans ce marché. Bien entendu, il ne s’agit pas du seul et unique secteur où la réglementation est problématique; l’OCDE mentionne aussi ceux des télécommunications et de l’audiovisuel. On peut aussi penser à d’autres, comme celui de l’énergie.

On propose aussi de réduire l’impôt sur le revenu des sociétés et des particuliers. Nous le disons depuis longtemps: des impôts trop élevés nuisent à la croissance économique et finissent par tous nous appauvrir.

Ensuite, n’en déplaise aux premiers ministres provinciaux, qui semblent vouloir conserver leurs exemptions et leurs programmes préférentiels actuels malgré les récentes avancées, l’OCDE recommande l’élimination des obstacles au libre commerce entre les provinces, puisque certaines persistent encore, notamment dans le cas de l’alcool. Cette concurrence interprovinciale pousserait les entreprises à innover davantage, et les consommateurs canadiens en sortiraient gagnants.

L’ouverture aux échanges, tant nationaux qu’internationaux, a permis d’améliorer la productivité de notre économie. En plus d’avoir assisté à une augmentation des salaires réels, les travailleurs ont vu leurs autres conditions de travail s’améliorer. Nous savions déjà que le libre-échange est bénéfique pour le Canada, et ce rapport détaillé vient encore une fois nous le confirmer. Faire tomber les barrières commerciales qui existent toujours entre les provinces serait simplement cohérent avec la stratégie économique canadienne.

Enfin, avec la récente réforme fiscale américaine, le Canada a perdu l’avantage qu’il détenait quant au taux d’imposition des entreprises. Le gouvernement canadien devrait revoir le niveau de taxation actuel afin d’éviter par exemple des fuites de capitaux, ou encore que des entreprises quittent carrément le pays.

Des recommandations pleines de bon sens

Toutes ces propositions favoriseraient la croissance de la productivité, qui est le premier facteur d’accroissement de la richesse. Ce n’est plus un secret que la concurrence dynamise les marchés et stimule l’innovation. Non seulement la théorie économique nous l’enseigne, mais l’expérience concrète nous le confirme.

Contrairement à ce que certains politiciens prétendent, l’objectif en période de pénurie de main-d’œuvre n’est pas nécessairement d’augmenter le nombre de travailleurs, mais bien d’améliorer leur productivité. C’est donc en prônant une plus grande et saine concurrence, en réduisant le fardeau fiscal, en assouplissant la réglementation parfois étouffante et en signant de nouveaux accords de libre-échange que le Canada mettra toutes les chances de son côté afin de régler notre problème de productivité.

L’OCDE nous offre d’excellentes pistes de solution. Maintenant, c’est à nous de faire le travail en appliquant des politiques économiques créatrices de richesse davantage axées sur l’économie de marché.

Jasmin Guénette est vice-président aux opérations de l’Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

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