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Textes d'opinion

Doit-on encore subventionner l’auto électrique? Le temps de « tirer la plogue »

Les subventions aux voitures électriques ont toujours été coûteuses et inefficaces. Elles sont maintenant inutiles.

Au Québec, les subventions aux véhicules électriques (VÉ) peuvent grimper jusqu’à 8000 $ par véhicule vendu, sans compter 600 $ pour l’installation d’une borne de recharge. Si le gouvernement du Québec parvient à son objectif très ambitieux d’un million de VÉ sur les routes en 2030, cela pourrait contribuer tout au plus à réduire les émissions de GES de 3,6 % par rapport au niveau de 1990, en plus de coûter des centaines de millions, voire des milliards aux contribuables. La mesure aurait aussi peu d’effet sur les émissions globales du Québec, puisque l’objectif du gouvernement est de les réduire de 37,5 % d’ici 2030.

L’IEDM s’est d’ailleurs penché sur la question et a publié l’an dernier une étude dans laquelle il quantifiait, de façon très prudente, le coût des subventions québécoises aux voitures électriques par tonne de gaz à effet de serre (GES) non émis. Quand on sait qu’un VÉ peut éviter l’émission de 29,9 tonnes de GES au cours de sa vie utile, on peut établir à 288 $ le coût de la subvention pour chaque tonne de GES éliminée.

Ce chiffre de 288 $, ainsi que les conclusions de l’étude, a été repris maintes fois par les médias, sans que personne remette ce calcul en question. D’autres études sont même arrivées à des montants bien plus élevés.

L’inefficacité de ce programme est encore plus importante. En effet, de nombreux VÉ seraient sans doute achetés sans subvention. Une étude a évalué qu’au Québec, c’est le cas pour la moitié des voitures électriques vendues. Le coût réel par tonne de GES effectivement réduite grâce au programme est donc vraisemblablement deux fois plus élevé que les 288 $ mentionnés plus haut.

Le coût de réduction d’une tonne de GES à la bourse du carbone est de moins de 20 $. Par ailleurs, la taxe carbone fédérale, qui vise les mêmes objectifs, est présentement à 10 $ la tonne et ne dépassera pas 50 $ par tonne dans cinq ans. 

Pourquoi le Québec devrait-il s’entêter à tenter de réduire les émissions de GES avec un outil aussi coûteux, alors que d’autres existent ?

De plus, les VÉ sont encore, en raison de leur prix élevé malgré les subventions, achetés surtout par les citoyens les plus fortunés des grands centres urbains. Comment justifier la taxation de l’ensemble de la population pour effectuer un transfert de milliers de dollars vers nos citoyens qui sont parmi les plus aisés ?

L’argument le plus fort pour mettre fin à ces subventions est probablement que l’industrie automobile est de toute façon en train de basculer vers de nouvelles technologies, l’électrique au premier plan. La semaine dernière, le groupe Volkswagen, le plus important constructeur automobile au monde, a annoncé qu’il achèterait pour 25 milliards US de batteries au cours des prochaines années, ce qui fait suite à une série d’annonces par différents fabricants, qui vont toutes dans le même sens. L’État ne devrait jamais choisir les gagnants, mais c’est encore plus stupide de le faire si la partie est terminée !

En somme, les subventions aux voitures électriques partent sans doute de bonnes intentions, mais n’aident que très peu à atteindre les objectifs officiels de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), en plus d’être coûteuses et régressives, et finalement inutiles. C’est un mauvais programme qui devrait être abandonné avant qu’il n’entraîne plus de gaspillage. En bon québécois, c’est le temps de « tirer la plogue ».

Germain Belzile est chercheur associé senior à l’IEDM. Il signe ce texte à titre personnel.

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