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Textes d'opinion

Mon Top 10 de l’actualité économique en 2017

1- Trump, l’ALÉNA et l’industrie automobile nord-américaine

Janvier – Depuis les débuts de l’ALÉNA et même de l’ALE en 1987, la valeur de la production et des exportations de l’industrie automobile canadienne a explosé. Cette intégration de nos économies est une source de prospérité, autant pour nous que pour les Américains. Or, en voulant imposer des contraintes à la frontière canado-américaine, le président Trump aiderait peut-être un groupe particulier de travailleurs, mais nuirait non seulement aux travailleurs canadiens, mais aussi à tous les consommateurs américains, qui devraient payer davantage pour obtenir la même voiture. À plus long terme, les entreprises situées aux États-Unis pourraient voir leur compétitivité relative diminuer face aux fabricants japonais, sud-coréens et européens. C’est ce qu’on appelle se tirer dans le pied!

2- L’aide financière à Bombardier

Février – Le gouvernement fédéral a annoncé en février une aide financière à Bombardier, sous forme d’un prêt de 372,5 millions de dollars. Même s’il s’agit ici d’une contribution remboursable, ce sont les contribuables qui deviennent des investisseurs dans l’entreprise. Espérons que celle-ci prendra réellement son envol, pour le bien de l’entreprise et des contribuables.

3- Entente fédéral-provincial en santé

Mars – Ce n’est pas d’hier que les provinces se chicanent avec Ottawa pour obtenir plus d’argent en santé! Après plusieurs mois de bras de fer, les provinces ont conclu des ententes avec le gouvernement fédéral en matière de financement de la santé en janvier. Mais malgré l’entente, le problème de fond demeure. Les quelques milliards de plus ont peu de chance d’améliorer l’accessibilité aux soins. Le système de santé a besoin d’être repensé. Un premier pas devrait être qu’Ottawa se retire complètement de la santé pour la laisser aux provinces. Celles-ci devraient alors se concurrencer entre elles et gérer les sommes à leur discrétion et dans l’intérêt de leurs électeurs. Une telle situation favoriserait l’innovation et la mise en place de mécanismes de marché, pour le plus grand bien des patients.

4- Québec ne taxera pas les acheteurs immobiliers étrangers

Juin – La Colombie-Britannique et l’Ontario ont imposé une taxe pour les acheteurs étrangers pour soi-disant limiter la surchauffe immobilière. Le problème avec ce genre de mesure, de même qu’avec le contrôle des loyers, c’est qu’elle rate la cible et risque d’empirer le problème à long terme. D’ailleurs, les plus récents chiffres de Statistique Canada montrent que les acheteurs étrangers ne sont pas la source du problème. Les gouvernements seraient mieux avisés de laisser le mécanisme de prix faire son travail. Par exemple, des prix élevés vont inciter les développeurs à construire davantage, ce qui augmentera l’offre de logements. Ceci, tout en soutenant de façon ciblée les moins nantis qui se voient exclus du marché, est une meilleure solution que de limiter l’offre artificiellement à l’aide de taxes ou de contrôle de loyers.

5- Les subventions aux voitures électriques sont inefficaces

Juin – Malgré des données sans équivoque qui montrent que l’achat de véhicules électriques est la façon la moins efficiente et la plus coûteuse de réduire les émissions de gaz à effet de serre, les politiciens continuent à s’entêter dans cette voie. Imaginez : en subventionnant l’achat de voitures électriques, le gouvernement ontarien se trouve à débourser 29 fois le prix à la bourse du carbone pour chaque tonne de GES éliminée, et 52 fois celui de la future taxe fédérale lors de son entrée en vigueur l’an prochain. Pour le Québec, c’est environ de 16 à 29 fois ces prix. C’est un énorme gaspillage pour très peu de résultats.

6- La fin des travaux à Anticosti

Juillet – Le gouvernement a confirmé qu’il fermait la porte à toute forme d’exploitation pétrolière sur l’île d’Anticosti, un territoire 16 fois grand comme l’île de Montréal et où habitent un peu plus de 200 habitants. Non seulement on décourage le développement économique au Québec, mais imaginez-vous que cette décision coûtera plus de 40 millions $ aux contribuables québécois! Bref nous payons, avec nos impôts, pour empêcher la création d’emplois au Québec! Nous devrions profiter de nos ressources au lieu de les laisser dormir dans le sol, et ce au profit de tous les Québécois. Pour y arriver, il faudra, entre autres, éviter les dérives liées au concept d’« acceptabilité sociale ».

7- La SAQ dans les épiceries c’est bien, la libéralisation c’est mieux

Août – On apprenait en août qu’une succursale de la SAQ allait ouvrir dans un supermarché. Mais la meilleure façon d’améliorer le choix et la qualité du service fourni au consommateur est de libéraliser le marché des vins et spiritueux. Le gouvernement doit aller de l’avant et permettre la concurrence. D’ailleurs, une forte majorité de Québécois appuient cette idée : 71 % des Québécois se disent d’accord pour que des commerçants indépendants puissent importer librement les vins et les vendre directement aux consommateurs, et 84 % se disent d’accord pour que les Québécois aient le droit d’acheter du vin au Canada, ou ailleurs, sans passer par la SAQ. Le gouvernement n’a pas d’excuse pour ne pas agir maintenant. La fin du monopole public sur l’alcool est souhaitée et souhaitable.

8- Le Plan de protection du caribou

Octobre – Plusieurs groupes environnementaux veulent une application intégrale des mesures proposées par Environnement Canada et la création d’aires protégées où la récolte forestière serait interdite. Mais tout laisse croire que ce ne sera pas la solution choisie. Tout récemment, une importante aire protégée a été créée pour le caribou forestier, mais on a peu de détail sur la récolte forestière qui sera permise. Il reste que peu de chiffres frappent autant que celui-ci : pour sauvegarder un seul caribou, sans garantie de résultat, il en coûte 9,4 millions $ à l’économie québécoise en emplois et en activité économique perdus. En tout, la tentative de sauvegarde de 79 caribous par année pourrait coûter 5675 emplois directs au Québec et plus de 741 millions $. Sachant que le gouvernement est bien conscient des coûts, et surtout de l’incertitude quant à l’évolution des populations de caribous, il est à souhaiter qu’il prenne une décision éclairée en tenant compte du volet économique et en pensant aux nombreux travailleurs de cette industrie et des régions qui en dépendent.

9- L’importante baisse d’impôts aux États-Unis

Décembre – La grande réforme fiscale promise par Donald Trump a été adoptée, à la grande joie des investisseurs, qui voient cette réforme comme une excellente nouvelle pour les entreprises et l’économie américaine dans son ensemble. En réduisant, entre autres, le taux fédéral maximal d’imposition des entreprises aux États-Unis, la « réforme Trump » aura des répercussions importantes sur l’économie canadienne. Ottawa et les provinces auraient avantage à suivre le pas et à baisser les impôts de toutes les entreprises, petites et grandes. Ce serait une bien meilleure idée que d’ajouter des dizaines de milliards de dollars à la dette publique pour « stimuler » l’économie canadienne, comme entend le faire le gouvernement fédéral.

10- Le commerce interprovincial et la cause Comeau

Décembre – En octobre 2012, Gérard Comeau, un retraité du Nouveau-Brunswick, a été arrêté par la GRC, qui lui a remis une amende pour avoir rapporté chez lui de la bière et des spiritueux qu’il avait achetés au Québec. M. Comeau a contesté l’amende et, en avril 2016, la Cour provinciale du Nouveau-Brunswick a rejeté l’accusation dont il était l’objet. Le juge a conclu que la Constitution permettait le libre mouvement des biens à travers le Canada. C’est maintenant à la Cour suprême de statuer si, oui ou non, les Canadiens peuvent acheter et transporter des biens librement d’une province à l’autre. D’ailleurs, 78 % des Canadiens pensent qu’en 2017, on devrait pouvoir acheter n’importe quelle quantité de bière ou de vin dans une province et l’emporter dans une autre, selon un sondage récent. Je suis aussi de cet avis.

Jasmin Guénette est vice-président aux opérations de l’Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

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