Compétitivité du secteur énergétique : Les États-Unis se tirent d’affaire pendant que le Canada se tire dans le pied
Montréal, le 19 octobre 2017 – La chute des investissements pétroliers et gaziers et l’abandon de projets, comme celui d’Énergie Est, risquent de s’accentuer au Canada en raison de l’érosion de notre compétitivité avec les États-Unis. C’est ce que montre un Cahier de recherche publié aujourd’hui par l’IEDM.
« Nous sommes de moins en moins concurrentiels. Cette année seulement, quatre projets d’envergure d’une valeur totalisant 84 milliards $ ont été abandonnés », note Germain Belzile, chercheur associé senior et auteur de la publication. « Les investisseurs boudent le Canada et préfèrent les États-Unis. On prévoit que les investissements aux États-Unis dans le secteur pétrolier et gazier augmenteront de 38 % cette année par rapport à 2016 alors qu’au Canada, l’augmentation prévue n’est que de 19 %. »
En effet, plusieurs politiques américaines sont plus accueillantes pour les entreprises et pourraient le devenir davantage. Alors que le gouvernement des États-Unis continue d’alléger la réglementation dans tous les secteurs, y compris celui du pétrole et du gaz, on estime que le coût du fardeau réglementaire en Alberta sera de 12 à 21 % plus élevé d’ici 2023.
« Après seulement dix jours au pouvoir, l’administration Trump avait déjà présenté devant le Congrès 37 résolutions différentes visant l’abolition de dizaines de règlements. C’est beaucoup plus que ce que le Congrès avait entrepris lors de chacun de ses mandats de deux ans sous les présidences Clinton, Bush fils et Obama », explique M. Belzile. « Ça montre à quel point il y a urgence pour le Canada d’agir. »
De plus, nos voisins américains prévoient une réforme majeure de la fiscalité des entreprises et cela changerait passablement la donne, notamment pour l’Alberta, qui subit déjà un ralentissement des investissements.
« Le seul grand avantage que le Canada possède est son régime fiscal, mais si les Américains réduisent leur taux fédéral d’impôt des entreprises de 35 % à 20 %, ça va finir par nous faire mal », ajoute M. Belzile. « Pour ne pas laisser l’écart se creuser davantage, le Canada devrait adopter un taux d’impôt proportionnel de 10,5 % pour l’ensemble des entreprises, au lieu de réserver ce taux uniquement aux PME. Cette réforme fiscale nous permettrait de conserver cet avantage. »
D’autres solutions seraient à envisager afin de rehausser la compétitivité du pays. Les gouvernements fédéral et provinciaux devraient notamment s’entendre sur des durées maximales d’examen des projets et baliser la notion d’acceptabilité sociale, en limitant les consultations aux communautés directement affectées par les projets.
Rappelons que le secteur du pétrole et du gaz naturel est au cœur de la prospérité du Canada, avec une production annuelle d’une valeur de 100 milliards $ et près de 200 000 emplois.
« Le gouvernement fédéral a pris très au sérieux les menaces planant sur l’Accord de libre-échange nord-américain. Il est navrant de voir que ce n’est toujours pas le cas pour les menaces qui minent déjà le secteur essentiel du pétrole et du gaz. Il est grand temps de redresser la barre », conclut pour sa part Michel Kelly-Gagnon, président et directeur général de l’IEDM.
Le Cahier de recherche intitulé Le secteur pétrolier et gazier canadien en péril? Comment les taxes et la réglementation excessives menacent notre compétitivité est signé par Germain Belzile, chercheur associé senior à l’IEDM. Cette publication est disponible sur notre site.
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L’IEDM est un organisme de recherche et d’éducation indépendant, non partisan et sans but lucratif. Par ses études et ses conférences, l’IEDM alimente les débats sur les politiques publiques au Québec et partout au Canada en proposant des réformes créatrices de richesse et fondées sur des mécanismes de marché.
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