Urgences : un hôpital suédois montre que l’attente n’est pas inévitable
Montréal, le 17 octobre 2017 – Le ministre de la Santé du Québec a récemment lancé un ultimatum aux hôpitaux pour interdire les séjours à l’urgence de plus de 24 heures. Pour régler le problème d’attente, les élus devraient plutôt s’inspirer des façons de faire de Saint Göran, un hôpital suédois géré par une entreprise privée, accessible à tous et financé par l’État à un coût moindre que les hôpitaux publics, comme l’explique une Note économique publiée aujourd’hui par l’IEDM.
« Les séjours interminables à l’urgence, fréquents au Québec, sont anecdotiques à Saint Göran. Seulement 1 % de ses patients passent plus de huit heures à l’urgence. Au Québec, c’est notre proportion de séjours de 48 heures et plus! Un patient sur quinze passe plus de 24 heures à l’urgence ici, et une attente de sept ou huit heures est devenue habituelle dans nos grands hôpitaux », souligne Patrick Déry, analyste en politiques publiques et auteur de la publication. « Le Québec est à des années-lumière des performances de Saint Göran. »
Quel est le secret de cet hôpital? Le modèle d’affaires de Capio, l’entreprise cotée en bourse qui gère Saint Göran, est simple : soigner bien et efficacement les patients, afin de générer des profits.
Le cas de Saint Göran illustre l’application de principes économiques élémentaires. Au lieu de concentrer les décisions au sein d’un ministère qu’on suppose omniscient, on laisse de la latitude aux gestionnaires de l’hôpital, qui font eux-mêmes confiance aux responsables des différents départements et aux employés. Aussi, tout est mesuré, incluant le degré de satisfaction des patients. « Ces indicateurs montrent que les employés de Saint Göran sont plus heureux au travail que ceux d’hôpitaux publics suédois comparables, et que leur taux de roulement est plus bas », explique Patrick Déry.
Alors que nos hôpitaux échouent depuis des années à diminuer de façon significative le temps d’attente, les performances de cet hôpital suédois devraient inspirer les décideurs de notre système de santé. Le gouvernement pourrait ainsi confier, comme l’a fait le Conseil de comté de Stockholm, la gestion d’un hôpital à un exploitant privé, tout en y conservant le financement public tel que nous le connaissons.
« L’objectif n’est pas de voir Saint Göran comme la solution miracle ou le modèle unique. Le fait est qu’on échoue depuis des décennies à régler le problème de l’attente aux urgences, et qu’il n’y a aucune raison valable de se priver de la contribution du secteur concurrentiel dans la prestation de soins hospitaliers. La plupart des pays développés en tirent profit, avec de meilleurs résultats que le Canada », souligne Patrick Déry.
« Un mythe tenace au Québec et entretenu par plusieurs commentateurs, politiciens et, malheureusement, trop de médecins, veut qu’accorder plus de place au secteur concurrentiel dans la prestation des soins mettrait en péril l’accès et la qualité, et se ferait au détriment des patients. L’expérience de Saint Göran démontre que ce n’est tout simplement pas vrai », conclut Jasmin Guénette, vice-président de l’IEDM.
La Note économique intitulée « Saint Göran : un hôpital concurrentiel dans un système universel » est signée par Patrick Déry, rédacteur et analyste en politiques publiques à l’IEDM. Cette publication est disponible sur notre site.
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L’IEDM est un organisme de recherche et d’éducation indépendant, non partisan et sans but lucratif. Par ses études et ses conférences, l’IEDM alimente les débats sur les politiques publiques au Québec et partout au Canada en proposant des réformes créatrices de richesse et fondées sur des mécanismes de marché.
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Demandes d’entrevues : Pascale Déry, Vice-présidente, Communications et développement, IEDM / Tél. : 514-273-0969 p. 2233 / Cell. 514-502-6757 / courriel : pdery@iedm.org