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Textes d'opinion

Superinfirmières : laissez-les donc pratiquer!

Elles ont une maîtrise en sciences cliniques et un diplôme d’études supérieures spécialisées. Elles peuvent traiter des cas d’amygdalites, d’otites, de sinusites, prescrire des antibiotiques et des examens diagnostiques, faire des points de suture, etc.

Bref, les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) – ou superinfirmières – ont les compétences nécessaires pour résoudre un grand nombre de problèmes de santé mineurs et peuvent sans aucun doute contribuer à améliorer l’accès aux soins de première ligne.

On attend quoi, au juste, pour leur ouvrir la voie? Pour les laisser pratiquer pleinement leur profession? Eh bien, on attend que les médecins fassent preuve d’un peu plus d’ouverture et de souplesse. Visiblement, l’exercice est difficile.

Même si le ministre de la Santé accentue la pression, en ajoutant trois activités médicales qu’il souhaiterait confier aux IPS, le Collège des médecins demeure campé sur ses positions. Pas question pour lui qu’une superinfirmière pose un diagnostic, un acte exclusivement réservé aux médecins.

Gaétan Barrette pousse même pour que les IPS puissent aller jusqu’à amorcer des traitements médicamenteux pour les maladies chroniques, comme le diabète et l’hypertension, effectuer des demandes de consultation auprès des médecins spécialistes et procéder au congé médical du patient hospitalisé.

Mais de nombreux médecins refusent tout simplement de leur reconnaître l’autonomie. Et pourtant, les IPS pourraient soigner bien des maux dont souffre le système de santé québécois, en commençant par désengorger nos salles d’urgence.

Vous savez que votre enfant a une otite, vous savez qu’il a besoin d’antibiotiques, mais vous êtes obligé d’aller à l’urgence parce que vous n’avez pas de médecin de famille; ou encore, comme il est difficile d’obtenir un rendez-vous dans une clinique, vous attendez des heures pour recevoir votre prescription. Avez-vous vraiment besoin d’un médecin pour vous prescrire de la pénicilline? La réponse est non.

Donner de l’air au système

Dans un rapport publié en 2016, le Commissaire à la santé et au bien-être rapportait que les cas moins urgents représentaient 60 % des visites à l’urgence. Imaginez ce qu’on pourrait épargner en coûts et en temps si on avait une meilleure organisation des soins.

De plus, annuellement, ce sont plus de 21 000 hospitalisations qui pourraient être évitées au Québec avec un meilleur accès aux soins de première ligne.

En Ontario, on a compris que les superinfirmières étaient nécessaires dans le système et qu’elles pouvaient travailler de manière autonome, sans être toujours sous la gouverne d’un médecin. La province en compte aujourd’hui 3170.

Toutefois, au Québec, même si le ministre Barrette souhaite emboîter le pas, nous sommes loin du compte, avec seulement 428 IPS à ce jour

Certes, de nouveaux programmes ont été mis en place pour en attirer davantage, mais il ne faut pas oublier qu’il faut attendre deux ans avant que les finissants puissent entrer sur le marché du travail.

Entre temps, il faudrait sérieusement que certains médecins apprennent à cohabiter avec cette nouvelle réalité et à changer leur mentalité, pour le bien de leurs patients.

Pascale Déry est vice-présidente, Communications et développement à l’IEDM. Elle signe ce texte à titre personnel.

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