fbpx

Textes d'opinion

Voitures électriques : quand le chroniqueur prend le fossé

Dans sa chronique «Le procès de l’auto électrique» (26 juillet 2017), Gilbert Lavoie remet en cause les conclusions de deux récentes études de notre institut en plus de mettre en doute son intégrité. Même si c’est son droit le plus entier de critiquer les conclusions de nos études, les inexactitudes qu’il rapporte montrent que M. Lavoie ne les a manifestement pas lues ou n’y a rien compris. Ce travail bâclé est particulièrement décevant de la part d’un chroniqueur aussi expérimenté.

Tout d’abord, nos deux études («Les subventions aux voitures électriques sont-elles efficientes?», 22 juin 2017, et «Quotas de voitures électriques, une taxe déguisée», 25 juillet 2017) ne font pas le «procès» des voitures électriques. Elles remettent simplement en question le bien-fondé des mesures que le gouvernement a choisies afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Celles-ci vont coûter une fortune aux contribuables et donner peu de résultats.

Deuxièmement, M. Lavoie prétend que l’argument «massue» de notre étude sur les subventions est la provenance de l’électricité pour recharger les batteries, puisque si celle-ci est produite à l’aide de pétrole, de gaz naturel ou de charbon, le gain environnemental sera nul.

Au contraire, nous avons souligné que l’électricité du Québec est essentiellement «propre», grâce à l’hydroélectricité. En dépit de cet avantage, même au Québec, la réduction de GES que procure une voiture électrique n’est pas très élevée, puisque la production des voitures et des batteries est elle aussi une importante source d’émissions de GES, que l’on a tendance à oublier.

Notre argument massue, que devrait retenir le chroniqueur, est plutôt que même s’il y avait demain matin un million de ces voitures sur les routes du Québec, cela ne changerait à peu près rien au bilan de la province en matière d’émissions de GES. Même les chiffres du gouvernement le confirment. Dépenser des centaines de millions $ en argent public pour atteindre cet objectif est peut-être un calcul payant sur le plan politique, mais du point de vue économique, c’est de la folie.

Troisièmement, M. Lavoie écrit que nous n’avons pas tenu compte du fait que les subventions actuelles disparaîtront sans doute un jour, puisque le prix des voitures électriques baisse et qu’il sera bientôt concurrentiel.

Précisément! Puisque tout indique que le prix de ces véhicules va baisser substantiellement au cours des prochaines années, pourquoi gaspiller des centaines de millions $ pour ne devancer que de quelques années ce qui va arriver de toute façon?

Quatrièmement, M. Lavoie confond le marché du carbone Québec-Californie avec les quotas de vente de voitures électriques imposés par notre gouvernement aux constructeurs automobiles dès l’arrivée des modèles 2018, ce qui fausse son analyse.

Ce que l’on doit retenir en ce qui a trait aux quotas, c’est que les cibles de vente de voitures électriques du gouvernement sont irréalistes et qu’elles entraîneront des pénalités financières importantes pour les constructeurs qui ne les atteindront pas. Ce coût additionnel pour les fabricants d’automobiles sera vraisemblablement transmis aux consommateurs.

Cinquièmement, M. Lavoie nous accuse assez peu subtilement d’être à la solde du «lobby de l’industrie de l’auto à combustion». L’accusation est aussi facile que gratuite. Notre financement provient très majoritairement de fondations à but non lucratif. Plus important encore, nos études ne sont jamais soumises à quelque donateur que ce soit pour approbation ou validation. Nos donateurs n’ont aucun contrôle sur notre recherche ou son contenu éditorial.

Faire ses devoirs

La conclusion de la chronique de M. Lavoie mérite d’être soulignée. Il y affirme que «le procès de l’automobile électrique est lancé. Alors avant d’acheter, il vaut mieux se renseigner». Comme je le mentionne plus haut, ce n’est pas des avantages de la voiture électrique dont il est question, mais des centaines de millions en fonds publics qui sont gaspillés en subventions inefficaces. Le chroniqueur devrait suivre son propre conseil : avant d’écrire sur un sujet qu’on ne maîtrise manifestement pas, il vaut mieux se renseigner.

Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l’Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

Back to top