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Textes d'opinion

En 1972, tout était beau, mais ça coûtait cher!

En 1972, lorsque je suis né, mon père conduisait une Ford Meteor, une voiture grosse comme un paquebot où l’on pouvait asseoir facilement trois personnes sur la banquette avant. Quatre personnes quand il m’installait sur ses genoux!

Cette année-là, mon père a pu s’acheter une télévision à la fine pointe de la technologie pour 605 $. Pour ce prix, il a pu se procurer un magnifique écran de 23 pouces, en couleurs! Au salaire horaire moyen de l’époque, les pères devaient travailler près de 170 heures pour s'offrir un tel luxe. Aujourd’hui, un téléviseur de 24 pouces se vend 150 $ chez Costco. Il va sans dire que la qualité est largement supérieure aujourd’hui. Et, en moyenne, les gens doivent maintenant travailler seulement 6,1 heures pour s’acheter une télé, presque 164 heures de moins qu’en 1972! En fait, même si je voulais acheter une télévision de 75 pouces de bonne qualité, il faudrait que je travaille environ 113 heures, encore bien moins que mon père à l’époque pour sa 23 pouces… qui coûterait plus de 3600 $ en dollars d’aujourd’hui. 

La concurrence, c’est payant

Ce genre de progrès se voit constamment lorsqu’on laisse les marchés opérer librement. La libre concurrence encourage non seulement l’amélioration des produits existants, mais aussi l’innovation, par laquelle les nouveaux produits sont créés. C’est par ce mécanisme qu’une société s’enrichit à travers le temps : on utilise de moins en moins de ressources, comme le temps ou les matières premières, pour générer un plus grand nombre de biens et services.

Si l’on observe les prix des secteurs les moins réglementés au Canada, ceux dans lesquels on laisse ces forces concurrentielles opérer, on réalise que les prix des biens ont baissé. Les prix des automobiles, des jouets, des vêtements, des souliers et de plusieurs aliments ont chuté depuis 1972, lorsqu’on tient compte de l’inflation. C’est la même chose avec les produits technologiques, comme les ordinateurs, les logiciels et les services de télécommunication, si on compare les prix de ces produits lors de leur arrivée sur le marché avec les prix actuels. Cette évolution est encore plus impressionnante lorsqu’on constate que les salaires ont augmenté dans une proportion si forte que le temps de travail nécessaire pour acheter ces biens a diminué de façon spectaculaire. La conséquence est que nous devons travailler de moins en moins longtemps pour pouvoir acquérir ces biens, ce qui nous permet de nous consacrer à d’autres tâches et loisirs.

Quand l’État freine le progrès

Mais ce n’est pas vrai pour tous les biens et services. Le logement, la santé, l’éducation ainsi que certains aliments, par exemple le lait et les œufs. Le prix de tous ces biens et services a augmenté plus vite que l’inflation. Ce sont les interventions du gouvernement dans ces marchés qui sont responsable de ce phénomène. En effet, les coûts pour se loger ont largement augmenté, en raison de la législation dans les domaines de l’aménagement du territoire et de la construction, et du contrôle des loyers. En restreignant l’offre de logements alors que la population continue d’augmenter, une augmentation des prix était prévisible. L’augmentation du coût de la vie qui en a découlé résulte largement de l’intervention de l’État.

Il en est de même dans le domaine de la santé. Il y a des raisons de croire que le prix payé pour les services de santé, soit directement par nos impôts ou indirectement par les temps d’attente (oui, l’attente est un coût!), diminuerait si on laissait une place plus importante aux mécanismes de marché. Prenez deux secteurs de soins de santé qui sont largement privés : les chirurgies correctives de la vue et les chirurgies cosmétiques. Dans ces deux domaines, le prix réel des services a diminué rapidement au cours des dernières décennies, alors que le nombre de traitements, lui, a augmenté rapidement.

À long terme, il est impossible que le prix d’un bien ou d’un service augmente continuellement plus vite que les salaires des travailleurs, sauf dans les secteurs ultra-réglementés ou sous monopole étatique.

Notre monde change constamment en mieux : biens matériels, moyens de communication, choix personnels, durée de vie, etc. : tout cela s'améliore grâce au capitalisme, aux innovations, à l’amélioration de la productivité et au respect des libertés individuelles. Les choses évoluent de façon positive, sauf pour les secteurs contrôlés par les gouvernements. Ceux-ci sont inefficaces, coûteux et ont souvent tendance à empirer d’année en année.

Si nous voulons que les prix de nos services publics baissent, comme l’ont fait la plupart des biens et services que nous consommons, nos politiques publiques doivent changer.

Jasmin Guénette est vice-président de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

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