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Textes d'opinion

Y aurait-il du vélo sans BIXI?

Les BIXI roulent de nouveau dans les rues de Montréal depuis samedi. Nous avons profité du lancement de la neuvième saison pour dresser un bilan des coûts occasionnés par ce service.

En somme, le sauvetage de BIXI a coûté des dizaines de millions lors de la faillite de la Société de vélo en libre-service en 2014. Depuis, la Ville de Montréal subventionne les opérations de BIXI à hauteur de 3 millions par an, et elle ajoutera plus de 9 millions d'ici trois ans pour de nouveaux équipements.

Enfin, l'impact de BIXI sur l'environnement et son apport dans le cocktail de transports publics est mitigé.

Le maire Denis Coderre, mis au courant de notre étude, a banalisé le fait que BIXI aura bientôt coûté plus de 60 millions aux Montréalais, comme si c'était tout à fait normal.

Vu autrement, Montréal aurait pu aussi acheter 100 000 vélos à 600$ pièce (de bons vélos!) à ses citoyens pour le même prix… Mais BIXI est un service populaire, et la Ville doit donc payer pour, dit en somme le maire Coderre.

C'est avec de tels raisonnements qu'on se retrouve devant d'énormes déficits au municipal, au provincial et au fédéral. La pizza gratuite aussi est populaire. Est-ce que la Ville de Montréal devrait pour autant la payer à ses citoyens?

L'erreur de plusieurs de nos décideurs publics est de penser que le gouvernement doit absolument intervenir si un besoin « public » se fait sentir, sans quoi le besoin ne sera pas comblé, et les citoyens privés du service.

C'est évidemment faux. Bien sûr, d'autres solutions se seraient présentées si BIXI n'avait pas vu le jour à la suite de l'intervention du gouvernement. En Chine, des modèles de vélo en libre-service qui n'ont pas besoin d'être liés à une station d'amarrage ont vu le jour.

L'idée n'est pas intéressante que pour la Chine et ses villes surpeuplées. Pas moins de trois entreprises chinoises ont d'autres marchés dans leur ligne de mire, dont les États-Unis et le Royaume-Uni.

D'ailleurs, nous n'avons pas besoin de regarder loin pour trouver des solutions innovantes en matière de transport qui sont issues du travail et de l'imagination d'entrepreneurs. Communauto et Car2Go sont des initiatives privées qui ont vu le jour sans l'aide du gouvernement et même, dans ce dernier cas, qui opère malgré les embûches que lui tend la Ville de Montréal.

La principale contribution de la Ville dans le dossier du vélo en libre-service aura été de nous mettre collectivement la main dans le tordeur pour plusieurs années, à coups de millions: nous sommes pris avec un modèle unique qui nous est imposé, payé à même nos taxes, et qui bloque la route à d'autres solutions qui ne nous coûteraient rien, lutteraient entre elles et innoveraient pour nous offrir un meilleur service. C'est un non-sens total!

Le dossier illustre aussi le désolant manque de foi de nos politiciens envers les entrepreneurs. Pourtant, regardez autour de vous: les entreprises innovent constamment pour combler nos besoins et, dans notre société, y arrivent assez bien.

Au contraire, nos déceptions sont plutôt du côté où se trouvent les responsabilités du gouvernement. Trouvez-vous que ça innove beaucoup en santé et éducation, et qu'on se bat pour vous offrir un bon service?

On peut en être sûr, des solutions pour le vélo en libre-service auraient vu le jour sans BIXI. La principale différence, c'est que les Montréalais n'y auraient pas perdu des millions et n'auraient pas une facture de plus à payer chaque année.

Jasmin Guénette est vice-président de l'Institut économique de Montréal et co-auteur de « Le Point – Combien BIXI a-t-il coûté aux Montréalais? » Il signe ce texte à titre personnel.

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