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Textes d'opinion

Pourquoi y a-t-il moins d’investissements privés au Québec?

L’Institut Fraser publiait le 6 décembre dernier une étude sur les obstacles à l’investissement dans le secteur pétrolier. Cette étude couvre 96 territoires; plusieurs provinces canadiennes (dont le Québec) et plusieurs États américains sont examinés, ainsi que de nombreux pays un peu partout dans le monde.

On apprend dans cette étude que le Québec se situe au 95e rang sur 96 au niveau de l’importance des barrières à l’investissement dans le secteur pétrolier, entre le Venezuela et la Libye, deux pays dont peu souhaiteraient s’inspirer. Notons que l’Alberta a dégringolé du 25e au 43e rang depuis l’arrivée du gouvernement Notley au pouvoir. La Saskatchewan est quant à elle la province canadienne où les politiques publiques sont les plus favorables à l’investissement et qu’elle se situe au 4e rang mondial.

Certains rétorqueront peut-être qu’il s’agit d’un « choix de société », qui fait du Québec un endroit plus vert qu’ailleurs. C’est possible. Mais il y a peut-être aussi quelque chose de plus fondamental à l’œuvre, soit un climat qui décourage l’investissement de tous types au Québec. Car, il faut le dire, les investisseurs sont peu attirés par le Québec.

En 2015, l’investissement privé, excluant la construction résidentielle, représentait 212,39 milliards de dollars au Canada. Au Québec, ce montant était de 24,95 milliards de dollars. Le Québec, qui fait 23 % de la population canadienne, attire donc 12 % de l’investissement privé au Canada. Cette sous-performance n’est pas nouvelle ; en fait, elle dure depuis des décennies.

L’investissement privé est important. C’est en investissant qu’on accumule du capital physique (usines, équipements, machinerie) dans une société. Ce capital physique est lui-même un déterminant important de la productivité. Et notre niveau de vie moyen dépend de cette productivité. Si on investit peu, on se retrouve à long terme avec un niveau de vie inférieur à celui qu’on aurait pu avoir.

Les raisons de la piètre performance québécoise

Pourquoi le Québec a-t-il une si mauvaise performance? Pour répondre à cette question, il faut retourner à la base, soit ce qui amène une entreprise à investir. Qu’on le veuille ou pas, une entreprise, appartient à ses actionnaires, qui exigent qu’elle fasse des profits. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’entreprise existe et pourquoi les actionnaires le sont : l’obtention d’un rendement.

Les dirigeants de la firme privée décident de faire un investissement (une « immobilisation » de capital financier dans de la brique, de l’acier et des machines) lorsqu’ils anticipent que les bénéfices d’opération générés par l’investissement sont supérieurs au coût de cet investissement. Dans le cas contraire, pas d’investissement !

Ajoutons qu’une hausse de l’incertitude sur n’importe quel aspect (respect des contrats, changements aux lois, modifications possibles au taux d’imposition sur les profits, etc.) a le même effet qu’une réduction du rendement.

On peut maintenant répondre à la question. Qu’est-ce qui maintient l’investissement au Québec à un niveau si faible ? Simplement dit, tout ce qui réduit les bénéfices nets ou qui augmente les coûts de l’investissement va décourager l’investissement. C’est de ce côté qu’il faut chercher pour comprendre notre retard grandissant en terme d’investissement.

Allons-y avec une courte liste des irritants qui minent l’investissement : les évaluations environnementales interminables qui aboutissent à des décisions politiques plutôt qu’administratives, l’incertitude amenée par des blocages législatifs (l’adoption de la loi 106 est un exemple dans l’actualité), la pression à la hausse sur la masse salariale (et donc, les frais d’exploitation) causée par les importantes cotisations des employeurs, la multiplication de la paperasse associée à la production et aux ventes, l’impôt sur les profits, etc.

L’économie, c’est finalement simple : rendez les investissements moins rentables et plus risqués, et les investisseurs en feront moins.

Germain Belzile est chercheur associé senior, département des actualités, à l'IEDM. Il signe ce texte à titre personnel.

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